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Voir la version complète : hypnose et douleur



Isabelle63
01/03/2007, 11h18
Par Chantal Wood, Nathalie Duparc, VÈronique Leblanc, CÈcile Cunin-Roy
UnitÈ de Traitement de la Douleur, HÙpital Robert DebrÈ, APHP


LĂ*hypnose est de plus en plus utilisÈe pour traiter la douleur, que ce soit chez lĂ*adulte ou chez lĂ*enfant. En effet, comme le souligne D. Bouhassira (1), ÂŽ le traitement de la douleur reprÈsente une des principales applications cliniques de lĂ*hypnose. LĂ*analgÈsie, c'est-‡-dire la rÈduction de la sensibilitÈ ‡ la douleur, est un des phÈnomËnes hypnotiques les mieux connus ÂȘ. Afin de mieux faire comprendre comment lĂ*hypnose peut agir sur la douleur, nous aborderons successivement ce quĂ*est lĂ*hypnose, comment lĂ*hypnose peut agir sur la modulation de la douleur et les applications de lĂ*hypnose sur la prise en charge de la douleur de lĂ*enfant.



1] QuĂ*est que lĂ*hypnose ?
LĂ*hypnose est selon Roustang (2) ÂŽ la veille paradoxale ÂȘ. En effet, il suffit, selon lui dĂ*observer ce qui se passe lors dĂ*une sÈance pour rÈpondre ‡ cette question. ÂŽ On constate en effet, dĂ*une part une immobilitÈ du corps qui reste indiffÈrent ‡ tous les stimuli extÈrieurs hormis la voix du thÈrapeute, dĂ*autre part une vivacitÈ de lĂ*attention du sujet ‡ tout ce qui se passe en lui et pour lui, liÈe ‡ la possibilitÈ dĂ*une prolifÈration imaginaire. Il est donc visible quĂ*une atonie musculaire et posturale sĂ*allie ‡ cet Ètat avec une activitÈ cÈrÈbrale intense. LĂ*hypnose ne serait plus ‡ dÈsigner de ce mot qui signifie sommeil bien paradoxal, puisque le sujet nĂ*est pas endormi, mÍme sĂ*il en a lĂ*apparence, et que certains modes propres ‡ la veille y acquiËrent une intensitÈ particuliËre ÂȘ.

LĂ*Ètat hypnotique commence par une condition de relaxation physique et mentale, associÈe ‡ une absorption et une focalisation sur un ou plusieurs objets. Les suggestions initiales de lĂ*induction hypnotique sont dirigÈes vers ces deux buts. Cet Ètat peut aussi trËs simplement se rencontrer lorsque quelquĂ*un est fascinÈ par quelque chose, lorsque lĂ*on regarde un film passionnant ou simplement lorsque lĂ*on est absorbÈ par les rides dĂ*un ruisseau ou par les dÈtails dĂ*un paysage... Nous passons alors dĂ*une forme active de concentration ‡ une forme plus dÈtendue, passive dans laquelle apparaÓt une absence de jugement ou de censure, une suspension dĂ*orientation de lieu ou du temps, une expÈrience de rÈponses quasi automatiques. Cet Ètat facilite lĂ*incorporation de suggestions hypnotiques dont celles de lĂ*analgÈsie. (3)

Nous comprenons donc que lĂ*hypnose est un Ètat naturel que nous rencontrons ou expÈrimentons tous ‡ diffÈrents moments de la journÈe. Pour les enfants, cet Ètat est encore plus habituel car il nĂ*y a que peu de barriËres entre le rÈel et leur imaginaire.



2] Comment lĂ*hypnose agit sur le cerveau
Les discussions sur les mÈcanismes de lĂ*analgÈsie hypnotique reposent sur deux grandes catÈgories selon quĂ*elles mettent en avant les processus psychologiques ou les processus physiologiques (1).
Pour certains, les phÈnomËnes hypnotiques rÈsulteraient de modifications spÈcifiques du fonctionnement cÈrÈbral caractÈrisÈ par une augmentation de la suggestibilitÈ des sujets.
Ernest Hilgard, psychologue amÈricain, avait montrÈ que lĂ*augmentation de la tolÈrance ‡ la douleur expÈrimentale Ètait directement corrÈlÈe ‡ la suggestibilitÈ des sujets. Ceux-ci avaient une rÈduction de la sensation douloureuse sans modification des rÈactions physiologiques induites par la douleur. Il y aurait donc, pour certains, une sorte de ÂŽ barriËre ÂȘ entre les niveaux infÈrieurs et les niveaux supÈrieurs impliquÈs dans la perception consciente (1).

Les physiologistes ont cherchÈ ‡ mettre en Èvidence les modifications de lĂ*activitÈ cÈrÈbrale induite par les suggestions hypnotiques. Une sÈrie de travaux rÈcents sĂ*appuyant sur les techniques modernes de lĂ*Èlectrophysiologie ou de lĂ*imagerie fonctionnelle cÈrÈbrale, ont permis dĂ*analyser directement les effets des suggestions hypnotiques sur les systËmes neurophysiologiques impliquÈs dans la perception et la modulation de la douleur.

Cependant, les travaux reposant sur lĂ*Èlectrophysiologie ont ÈtÈ dÈcevants, car lĂ*existence de modifications spÈcifiques de lĂ*activitÈ Èlectrique cÈrÈbrale au cours de lĂ*hypnose nĂ*a pas ÈtÈ dÈmontrÈe
Par contre, la tomographie par Èmissions de positons (PET scan) et lĂ*imagerie fonctionnelle par rÈsonance magnÈtique (IRMF) ont ÈtÈ utilisÈes pour ÂŽ visualiser ÂȘ les modifications de lĂ*activitÈ cÈrÈbrale. LĂ*Èquipe de Pierre Rainville et de Catherine Bushnell (4), ‡ MontrÈal, ont pu analyser les modifications de lĂ*activitÈ cÈrÈbrale au cours de lĂ*induction hypnotique et lors de suggestions dĂ*analgÈsie. Ils ont dÈmontrÈ que les effets produits par les suggestions dĂ*analgÈsie ont entraÓnÈ des modifications trËs sÈlectives de lĂ*activitÈ de rÈgions cÈrÈbrales normalement mise en jeu par les stimulations douloureuses expÈrimentales. On distingue classiquement une composante ÂŽ sensori-discriminative ÂȘ (qui permet de localiser la douleur, dĂ*en apprÈcier son intensitÈ et ses qualitÈs sensorielles) qui impliquerait les cortex somesthÈsiques primaire et secondaire localisÈs dans la rÈgion pariÈtale du cerveau. Les rÈgions insulaire et cingulaire, appartenant au systËme limbique, seraient impliquÈes dans la composante ÂŽ affectivo-Èmotionnelle ÂȘ de la douleur lui confÈrant sa note dÈsagrÈable. Les suggestions visant ‡ rÈduire le caractËre dÈsagrÈable de la douleur, sĂ*accompagneraient dĂ*une rÈduction de lĂ*activitÈ des rÈgions insulaire et cingulaire, alors que lĂ*activitÈ du cortex somesthÈsique, ne serait pas modifiÈe de maniËre significative.
DĂ*autres Ètudes ont cherchÈ ‡ prÈciser le rÙle des systËmes de modulation de la transmission des informations nociceptives. Ainsi, dans lĂ*analgÈsie hypnotique, il ne semble pas quĂ*il existe une libÈration dĂ*opioÔdes endogËnes, car lĂ*effet de celle-ci nĂ*est pas contrecarrÈ par lĂ*administration de naloxone, antagoniste spÈcifique de la morphine. Par contre, il y a une mise en jeu des systËmes de contrÙle descendant de la douleur, comme en tÈmoigne lĂ*abolition du rÈflexe R III (5, 6), lors de suggestions hypnotiques dĂ*analgÈsie.

Toutes ces donnÈes permettent de comprendre le regain dĂ*intÈrÍt quĂ*il y a pour lĂ*hypnose dans la prise en charge de la douleur.
En effet, comme le souligne Bernard Laurent (7) : ÂŽ La douleur est comme toute stimulation sensorielle soumise aux influences de lĂ*attention, de lĂ*anticipation, de lĂ*imagerie mentale, de conditionnements antÈrieursÖ. De plus, on dÈcouvre que les zones frontocingulaires activÈes par les mÈdicaments antalgiques comme la morphine par exemple ou par des stimulations antalgiques du cortex comme la stimulation corticale sont les mÍmes que celles sollicitÈes par des interventions non mÈdicamenteuses comme lĂ*hypnose. Ainsi se trouve encore rÈduite la dichotomie entre les approches anatomo-biologique et psychologique de la douleur ÂȘ.



3] LĂ*hypnose avec les enfants
Pour faire de lĂ*hypnose avec un enfant, il est nÈcessaire quĂ*une relation thÈrapeutique de qualitÈ s'installe, permettant ‡ lĂ*enfant de faire confiance au thÈrapeute et que celui-ci apprenne ‡ entrer dans le monde de lĂ*enfant, de maniËre Èmotionnelle et imaginaire.

On a dĂ*ailleurs dit que les limites de cette technique Ètaient principalement liÈes aux propres limites du thÈrapeute quand celui-ci nĂ*Ètait pas assez crÈatif. (8).

Le thÈrapeute doit aussi sĂ*adapter au fonctionnement cognitif de lĂ*enfant en utilisant ses mots pour parler de sa douleur et de ses sensations et en utilisant des techniques adaptÈes ‡ lĂ*‚ge de lĂ*enfant.

DiffÈrentes techniques ont ÈtÈ dÈcrites pour une induction chez lĂ*enfant (9).

a) LĂ*hypnose avec lĂ*enfant dĂ*‚ge prÈscolaire
LĂ*hypnose ‡ cet ‚ge, est diffÈrente de lĂ*hypnose utilisÈe avec les enfants plus ‚gÈs. En effet, les enfants de moins de 6 ans ne font pas une claire distinction entre la rÈalitÈ et leur monde fantastique. CĂ*est lĂ*‚ge des copains imaginaires, des jeux permettant dĂ*extirper leurs peurs (7)Ö.. CĂ*est lĂ*‚ge o˘ le thÈrapeute doit sĂ*adapter encore plus au monde de lĂ*enfant. Il faut quĂ*il soit crÈatif, en utilisant des thËmes qui peuvent intÈresser lĂ*enfant et avoir un ton de la voix diffÈrent de celui employÈ avec lĂ*enfant plus ‚gÈ. LĂ*hypnose, ‡ cet ‚ge fait plus appel ‡ lĂ*imagerie visuelle ou ‡ la rÈalitÈ virtuelle.
LĂ*utilisation de bulles de savon, de poupÈes ou de peluches ou dĂ*une histoire favorite peuvent aider lĂ*enfant. Celui-ci refuse souvent de fermer les yeux, voire mÍme de rester tranquille et de se relaxer. Il faudra donc Ítre plus inventif, avec des histoires mettant en jeux des personnages fantastiques, forts, des hÈros nĂ*ayant pas peur des situations potentiellement anxiogËnes que lĂ*enfant va vivre.

b) LĂ*hypnose avec lĂ*enfant en ‚ge scolaire et lĂ*adolescent
Les enfants de cet ‚ge ont des capacitÈs trËs fortes ‡ utiliser lĂ*hypnose. Le pic de lĂ*‚ge o˘ les capacitÈs hypnotiques sont maximales est de 8 ‡ 12 ans (11). Les enfants peuvent se concentrer, Ítre absorbÈs et entrer en transe hypnotique beaucoup plus facilement que lĂ*adulte. Ils peuvent alors accepter de fermer les yeux, de rester tranquilles et dĂ*utiliser leurs propres histoires et leur crÈativitÈ;Ö..par exemple, utiliser le fait dĂ*aimer les pizzas lors de lĂ*introduction dĂ*une sonde naso-gastriqueÖ..

c) Le rÙle des parents
Ils peuvent Ítre dĂ*une grande aide, car ils connaissent mieux que nous leur enfant, ses go˚ts, ses intÈrÍts, voire mÍme sa maniËre de faire face ‡ la douleur. Il est important de leur expliquer ce quĂ*est lĂ*hypnose, comment elle peut Ítre utile lors de phÈnomËnes douloureux. Il faut aussi leur demander dĂ*assister ‡ la sÈance. De cette maniËre, les parents peuvent devenir des alliÈs et aider leur enfant ‡ utiliser lĂ*hypnose. Ceci est dĂ*autant plus vrai lors de douleurs rÈcurrentes (douleurs abdominales) ou de gestes invasifs rÈpÈtÈs.



4] Les applications de lĂ*hypnose dans la prise en charge de la douleur de lĂ*enfant
LĂ*hypnose peut Ítre utilisÈe de 4 maniËres diffÈrentes chez lĂ*enfant :
- lĂ*hypnose conversationnelle
- lĂ*hypnose avec le MÈlange Equimolaire dĂ*OxygËne et de Protoxyde dĂ*Azote (MEOPA)
- lĂ*hypnose en prÈmÈdication
- lĂ*hypnose sans sÈdation mÈdicamenteuse

a) LĂ*hypnose conversationnelle
Une des choses fondamentales quĂ*apprend lĂ*hypnose au thÈrapeute dÈbutant, concerne sa maniËre dĂ*amÈliorer ses techniques de communication. En effet, cĂ*est ‡ partir de la deuxiËme moitiÈ du XXËme siËcle, avec les travaux de Milton Erickson, que se met en place une vÈritable rÈflexion sur la forme de communication hypnotique. La programmation neurolinguistique (PNL) doit beaucoup ‡ lĂ*hypnose ericksonienne, tant au niveau des techniques hypnotiques et non hypnotiques quĂ*au niveau de lĂ*utilisation fine du langage ‡ des fins thÈrapeutiques. Nous ne dÈvelopperons pas plus amplement ce chapitre, le lecteur pouvant se rÈfÈrer ‡ lĂ*ouvrage de Didier Michaux (10) pour en savoir davantage. Nous ne ferons que citer quelques exemples pratiques.
- le cerveau nĂ*entend pas la nÈgation. Si vous demandez ‡ quelquĂ*un : ÂŽ ne pensez pas ‡ un ÈlÈphant rose !!! ÂȘÖ. Votre sujet va immÈdiatement ÂŽ voir ÂȘ cet ÈlÈphant rose. On comprend, alors, lors de nos soins, lĂ*importance dĂ*Èviter des phrases comme :
ÂŽ NĂ*aie pas peurÖ.. ÂȘ soulignant justement le mot ÂŽ peur ÂȘ
ÂŽ Tu nĂ*auras pas mal ÂȘ
ÂŽ Ne tĂ*inquiËtes pas ÂȘ
ou simplement ÂŽ ne tombes pasÖ. ÂȘ

- une autre application de lĂ*hypnose conversationnelle, est de projeter le patient dans le futurÖ..
ÂŽ comme tu seras content, quand jĂ*aurai fini de tĂ*examiner et que tu pourras regarder la tÈlÈÖ ÂȘ
ou pour une femme enceinte : ÂŽ je comprends que vous ayez peur dĂ*aller au bloc opÈratoire ÖÖ mais dans quelques minutes, vous allez avoir votre petit bÈbÈ contre vousÖ vous allez pouvoir le toucherÖ lĂ*embrasserÖ ÂȘ La mËre est dÈj‡ dans le futur de lĂ*acte et non dans lĂ*anxiÈtÈ de lĂ*attente de ce qui va se produire.

- La rÈgression en ‚ge est Ègalement utile, surtout lors dĂ*un handicap transitoire. Par exemple, lors de la prise en charge dĂ*un enfant prÈsentant une algodystrophie, le thÈrapeute, constatant la sous utilisation du membre supÈrieur atteint, peut parler ‡ lĂ*enfant du temps quĂ*il a pris pour lĂ*acquisition de la marche : ÂŽ tu te rappelles quand tu as commencÈ ‡ marcher ?....... tu mettais un piedÖ. Et puis tu tombaisÖpuis un jour tu as pu mettre un piedÖ puis un secondÖPuis un jour tu as pu l‚cher ta mainÖtu tombaisÖEt puis tu as pu l‚cher les deux mainsÖ et actuellement, quand tu marches, tu ne penses mÍme pas ‡ comment mettre tes pieds par terreÖAlorsÖ tu vois, ce poignet et cette main ont oubliÈ de faire leur travail Ö et petit ‡ petit, ils vont rÈapprendreÖEt plus tu vas les faire travailler, plus ils vont apprendre ‡ redevenir comme avantÖ. En prenant du temps Ö ÂȘ

b) LĂ*hypnose avec le MÈlange Equimolaire dĂ*OxygËne et de Protoxyde dĂ*Azote (MEOPA)
LĂ*utilisation de techniques hypnotiques associÈes au MEOPA sĂ*Èlargit. Un film fait par Sophie Leruth et BÈnÈdicte Minguet (11), disponible ‡ lĂ*Association Sparadrap montre comment associer les techniques hypnotiques ‡ ce produit. LĂ*Èquipe de lĂ*UnitÈ de Traitement de la Douleur de lĂ*HÙpital Robert DebrÈ a largement utilisÈ ces techniques (12). En octobre 2003, elle avait fait plus de mille accompagnements, avec le MEOPA. La technique utilisÈe est celle de lĂ*imagerie visuelle.
Les indications sont larges : ponctions lombaires, ponctions de moelle, ponctions biopsie rÈnale, pansements divers, retraites de drains et de redons, soins chez des enfants anxieux ou phobiques.
La mÈthode doit Ítre expliquÈe ‡ lĂ*enfant et il est essentiel quĂ*il adhËre et accepte celle-ci. On demande ‡ lĂ*enfant ce quĂ*il veut ÂŽ vivre ÂȘ pendant le geste douloureux (match de foot, voyage, aller dans un endroit favori, dÈcorer lĂ*arbre de NoÎl, visiter une fermeÖ..). Le thÈrapeute garde un contact verbal avec lĂ*enfant, lĂ*accompagnant selon son imaginaire et ses idÈes.
Il nous semble que cette technique est supÈrieure ‡ lĂ*administration de MEOPA seul. En effet, lĂ*hypnose, en association avec le MEOPA, permet ‡ lĂ*enfant de focaliser plus facilement son attention ailleurs, dĂ*obtenir plus vite une dissociation. Les enfants ne se rappellent plus prÈcisÈment ni du geste, ni de la douleur, mais se souviennent dĂ*avoir fait un rÍve agrÈable ou dĂ*avoir vÈcu une belle histoire. Ils ont envie de recommencer cette technique sans apprÈhension pour le geste futur.

c) LĂ*hypnose en prÈmÈdication
LĂ*Èquipe de Claude Ecoffey, ‡ Rennes, a comparÈ lĂ*hypnose ‡ lĂ*administration de midazolam (HypnovelÆ) pour la prÈmÈdication de 50 enfants ‚gÈs de 2 ‡ 11 ans (13). LĂ*Èvaluation du comportement des enfants a ÈtÈ fait par :
- le Modifed Yale Preoperative Anxiety Scale (mYPAS), un test dĂ*anxiÈtÈ prÈ-opÈratoire, comportant 22 items divisÈs en 5 catÈgories (lĂ*activitÈ, le comportement verbal, lĂ*expression, le rÈveil, lĂ*attitude envers les parents)
- le Post Hospitalisation Behaviour Questionnaire (PHBQ), Èvaluant le comportement post-opÈratoire, comportant 26 items, divisÈs en 6 catÈgories (lĂ*anxiÈtÈ gÈnÈrale, la peur de la sÈparation, la peur de dormir, les dÈsordres alimentaires, lĂ*agressivitÈ envers lĂ*autoritÈ et lĂ*apathie).
Les enfants ont ÈtÈ hospitalisÈs le jour de la chirurgie. En arrivant, le score dĂ*anxiÈtÈ (mYPAS) a ÈtÈ rempli par lĂ*infirmiËre. Les Parents ont rempli un questionnaire sur le comportement habituel de leur enfant pendant lĂ*hospitalisation.
Ils ont ÈtÈ sÈparÈs en deux groupes : le groupe H ou Hypnose, et le groupe M ou Midazolam.
- le Groupe H a ingÈrÈ un placebo, 30 minutes avant lĂ*acte opÈratoire, puis lĂ*anesthÈsiste a fait une induction hypnotique maintenue jusquĂ*‡ lĂ*induction de lĂ*anesthÈsie.
- Pour le Groupe M, O, 5 mg/kg de midazolam a ÈtÈ donnÈ par voie buccale 30 minutes avant lĂ*acte.
Un deuxiËme score dĂ*anxiÈtÈ a ÈtÈ pratiquÈ ‡ lĂ*entrÈe de la salle dĂ*opÈration, puis un troisiËme, lors de la mise en place du masque dĂ*anesthÈsie.
En post-opÈratoire, la douleur a ÈtÈ ÈvaluÈe par lĂ*Objective Pain Score (OPS). Les enfants sont rentrÈs chez eux, sĂ*ils rÈpondaient aux critËres de sortie. Les parents ont ÈtÈ contactÈs par tÈlÈphone, ‡ J1, J7, J14.
Les rÈsultats montrent quĂ*il y avait une diffÈrence significative entre les deux groupes en ce qui concerne lĂ*anxiÈtÈ prÈ-opÈratoire, lors de lĂ*induction anesthÈsique (39% conte 68%). En post-opÈratoire, on retrouvait une diffÈrence significative des dÈsordres comportementaux dans le groupe M comparÈ au Groupe H et ceci ‡ J1 et J7 (62% versus 30% ‡ J1 ; 59% versus 36% ‡ J7). LĂ*agressivitÈ des enfants envers leurs parents est restÈ ÈlevÈe dans le groupe M ‡ J1 et J14.

d) LĂ*hypnose sans association mÈdicamenteuse
LĂ*hypnose a ÈtÈ largement utilisÈe pour aider les enfants lors de douleurs aiguÎs (14-15), dans le service dĂ*urgence, lors de soins douloureux comme les ponctions lombaires ou les ponctions mÈdullaires, lors de douleurs prolongÈes ou rÈcurrentes (16-19), les crises vaso-occlusives, les cÈphalÈes et migraines (20), les douleurs abdominalesÖÖ

Ces techniques sont plus efficaces en situation dĂ*urgence. En effet, le patient effrayÈ, traumatisÈ est dans une certaine forme de transe hypnotique (ou de focalisation sur sa douleur) et peut alors, en fonction de la persuasion et de la crÈativitÈ du thÈrapeute, Ítre absorbÈ par autre chose.
En situation de douleur chronique ou rÈpÈtÈe, il faut passer par une induction hypnotique, permettant ‡ lĂ*enfant de focaliser son attention et de sĂ*absorber davantage. Les techniques dÈpendent de lĂ*‚ge de lĂ*enfant et passent de la caresse dĂ*une peluche, ‡ la fixation visuelle ou ‡ des techniques idÈomotrices (9).

Une fois lĂ*induction en place, le thÈrapeute peut utiliser diffÈrentes techniques pour modifier le vÈcu douloureux (21) :
- la suggestion directe
- lĂ*amnÈsie partielle ou totale de la douleur
- lĂ*analgÈsie, en modifiant la sensation douloureuse pour la rendre moins dÈsagrÈable (ex : un engourdissement)
- lĂ*anesthÈsie, plus difficile ‡ obtenir
- la substitution de la douleur par une sensation moins dÈsagrÈable : par exemple la sensation de br˚lure par une sensation de chaleur douce ou de tiÈdeur
- le dÈplacement de la douleur en un point du corps
- la dissociation, qui permet au corps de se dÈtacher de la zone douloureuse : ÂŽ laissez votre jambe cassÈe l‡Ö. Et partons vers ce chemin de montagne que vous aimez bien ÂȘ
- la rÈ-interprÈtation, en la rattachant ‡ une expÈrience plus agrÈable
- le fractionnement, permettant de diminuer lĂ*intensitÈ de la douleurÖ
- la distorsion dans le temps.

Chez lĂ*enfant, on peut utiliser toutes ces techniques en les adaptant ‡ la personnalitÈ, ‡ lĂ*‚ge, etc. de chacun. Un film, produit par le Dr Leora Kuttner, ÂŽ No Fear No Tears ÂȘ (22), disponible en franÁais, montrent bien l'utilisation de diffÈrentes techniques comme la distraction, les suggestions directes dĂ*analgÈsie, comme le ÂŽ gant magique ÂȘ ou lĂ*interrupteur de la douleur.

Au cours de la prise en charge du patient, il est indispensable que celui-ci apprenne lĂ*auto-hypnose afin de se familiariser ‡ lĂ*outil et de pouvoir ‡ tout moment lĂ*utiliser lors dĂ*une crise douloureuse ou dËs quĂ* il en aura besoin.. Le patient doit se former dans un premier temps avec un thÈrapeute, puis seul afin quĂ*il ne devienne pas dÈpendant de la voix de celui-ci ou de lĂ*Ècoute dĂ*une cassette audio. Il est donc nÈcessaire de lĂ*informer que lĂ*hypnose nÈcessite un apprentissage et que plus il utilisera cette technique, plus elle deviendra rapidement efficace.

Dans certains cas, lĂ*enregistrement dĂ*une cassette audio peut aider lĂ*enfant dans son apprentissage. Nous le faisons rarement afin quĂ*il puisse utiliser son propre imaginaire lors de ses crises douloureuses et devenir indÈpendant du thÈrapeute. Cependant, nous l'utilisons parfois chez lĂ*enfant prÈsentant une maladie sÈvËre (enfant en rÈanimation ou en fin de vie). En effet, celui-ci nĂ*a souvent pas la force ou le courage de faire appel ‡ ses ressources. 
couter une cassette audio peut alors lĂ*aider ‡ retrouver une certaine Ènergie, ‡ Èloigner la douleur ou tout simplement ‡ se dÈtendre en allant dans un endroit favori.

En fait, lĂ*hypnose peut Ítre utilisÈe dans de nombreuses situations. CĂ*est une forme de communication qui peut sĂ*employer ‡ tout moment avec le patient. CĂ*est une technique qui peut Ítre proposÈe lors de gestes douloureux, afin de permettre au patient de se focaliser sur autre chose et ainsi de sĂ*Èloigner de sa douleur. Cette technique ne semble pas simplement aider les enfants lors de maladies et de gestes douloureux. LĂ*impact sur leur vie future est Èvidente, avec une maniËre trËs positive dĂ*aborder lĂ*existence, comme le montre le deuxiËme film du Dr Kuttner (23).



Conclusion
LĂ*hypnose gr‚ce aux recherches actuelles rÈapparaÓt dans le champ mÈdical comme un outil digne dĂ*intÈrÍt pour le traitement de la douleur et la prise en charge des gestes douloureux. LĂ*enfant est un sujet particuliËrement habile ‡ lĂ*apprentissage de ces techniques, lui permettant dĂ*acquÈrir des compÈtences pour faire face ‡ son vÈcu douloureux. LĂ*hypnose est un outil utile quĂ*il faut savoir proposer ‡ tout patient prÈsentant une douleur aiguÎ ou une douleur chronique, ‡ condition quĂ*il veuille adhÈrer ‡ cette technique et se lĂ*approprier. Il faut, par ailleurs, que cet outil soit entre de bonnes mains, cĂ*est-‡-dire, dans celles dĂ*un thÈrapeute formÈ ‡ cette approche et ayant une solide expÈrience sur ce qui se passe dans la relation mÈdecin - malade au niveau psychologique.

PRETET
01/03/2007, 15h17
Excellente initiative que de poster ce genre d'article professionnel, personnellement je prÈfËre lire les bienfaits puis la place de l'hypnose dans ce genre de communication que sur certains sites internet , notamment de poker. Les indications sont larges .... certes ! AprÈs tout chacun sa sensibilitÈ.

je suis doublement sensibilisÈ par ce genre d'article, je le dis avec Èmotion :oops: premiËrement, Ètant enfant j'ai du faire face ‡ une grave maladie et L' HE faisait dÈj‡ partie ‡ l'Èpoque ( plus de 30 ans) des moyens thÈrapeutiques pour lutter contre la maladie et ses effets. j'ai du notamment faire l'apprentissage de l'auto-hypnose et je me souviens trÈs bien avoir eu recours ‡ l'enregistrement audio pour faciliter l'auto apprentissage . manifestement aujourd'hui c'est encore parfois le cas.

deuxiËmement, dans ma pratique quoditienne je suis amenÈ a utiliser L' HE chez l'enfant et l‡ je peux vous le dire nous sommes pas dans le "BLUFF" avec l'enfant .

En effet depuis la fin des annÈes 90, une circulaire administrative relative ‡ la mise en oeuvre du plan d'action de lutte contre la douleur ds les Ètablissements de santÈ publics et privÈs a ÈtÈ signÈ par B Kouchner secrÈtaire d'Ètat d'Etat ‡ la SantÈ de l'Èpoque. Ce qui a permis pour un certains nombres d'Ètablisements de lever des fonds pour crÈer le fameux rÈseau Enfant- Do (douleurs,soins palliatifs).Des tables rondes pluridisciplinaires ont permis une rÈflexion sur l'amÈlioration de la prise en charge de la douleur par des techniques mÈdicamenteuses et non mÈdicamenteuse dont L'approche HE.

LENA
02/03/2007, 19h06
Merci Isabelle... :wink: