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Voir la version complète : [ARTICLE] Vers une thérapie Artistique - Kévin FINEL



Kyrios
14/01/2008, 19h10
Bonjour,

Voici le premier article d'une série de 5, écrits par Kévin FINEL sur le thème de la thérapie artistique.
Les autres seront publiés dans les prochaines semaines sur ce forum.

Bonne lecture !
Kyrios

Cycle d’article :
La formation du thérapeute - vers une thérapie artistique.
(Premier d’une série de 5 articles qui seront publiés sur le site dans les prochaines semaines, à raison d’un article par semaine).


Une question m’est fréquemment posée lorsque je rencontre des personnes qui s’intéressent à l’hypnose Ericksonienne et de façon générale à une pratique thérapeutique :
« Quels sont les conditions à remplir pour devenir un bon thérapeute ? »Souvent, les personnes qui se posent cette question ont à l’esprit un quelconque diplôme ou une reconnaissance officielle, et j’ai toujours été surpris que dans ce domaine aussi, le besoin de reconnaissance soit aussi présent.
Cependant ceci démontre avant tout un grand malentendu au sujet de la pratique de la thérapie : beaucoup souhaitent qu’il y ait une science là ou il ne peut exister qu’une forme particulière d’art.
Cette volonté provient du désir d’être rassuré par une discipline qui a souvent fait couler de l’encre pour certains de ces dérapages, de la chasse aux sectes et de tous les amalgames qui ont malheureusement été créés par manque d’information, et par certaines théories, qui, comme dans bien d’autres domaines ont pourtant beaucoup évolué… cependant les mythes ont la peau dure…
Pourtant cette question est importante, importante et complexe, car elle contraint à définir ce que sont à la fois les thérapeutes, et l’acte de psychothérapie.


1 Le thérapeute - outil


Quelle que soit la technique choisie par un thérapeute, qu’il se forme à l’hypnose, à la PNL, à la gestalt ou encore à l’une des 500 méthodes ou variantes de méthodes de thérapies existantes, un fait demeure : ce n’est pas la technique qui fait le thérapeute, mais le thérapeute qui fait la technique.

Le thérapeute est lui-même son propre outil.
Pour se prétendre thérapeute, une personne se doit de passer par un cheminement actif à la découverte d’elle-même.
Nous reviendrons avec plus de précisions sur ce point dans un article ultérieur, mais il est important d’attirer l’attention sur les grandes lignes de ce cheminement :
Il s’agit d’acquérir une plus grande conscience de soi, de ses réactions, comportements, et de sa communication ; d’observer et de développer la qualité de l’observation ; de connaître et d’apprivoiser son inconscient ; de comprendre l’adaptation et les jeux d’influences.

Sans même les développer, l’on comprend rapidement que ces sujets ne peuvent être appréhendés autrement que par une discipline interne et par une expérimentation directe, car s’il est possible d’apprendre de nombreuses théories dans un livre, aucun livre ne peut restituer la complexité d’une expérience humaine directe, et si un instrument était capable un jour de recréer une telle expérience, alors celle-ci ne serait rien d’autre qu’une expérience humaine complète.

Ici l’hypnose et l’auto-hypnose peuvent être d’une grande aide pour un thérapeute en devenir : par l’accès à l’inconscient qu’elle permet, cette pratique autorise une exploration de soi. De plus, par le contact avec l’inconscient il devient plus facile d’atteindre une plus grande objectivité, ou au moins d’être conscient de sa subjectivité, et donc de percevoir avec lucidité ses propres comportements, ainsi que ceux des autres.
L’hypnose est une voie d’accès à soi, lorsqu’elle est couplée à une qualité déterminante pour un thérapeute : la curiosité.
C’est cette curiosité qui va permettre de multiplier les expériences. Il faut toutefois se garder de vouloir tout tester, particulièrement en ce qui concerne les pathologies, car heureusement notre inconscient peut aussi créer de l’expérience à partir de projections imaginaires. Il doit pour cela être alimenté en données, et c’est là que l’observation entre en jeu.
Milton Erickson évoquait souvent la période de son adolescence où, paralysé par la polio, il était contraint d’observer, et seulement d’observer. Cette période lui a appris à regarder jusqu’à voir, les gestes, les attitudes, les réactions conscientes et inconscientes.

En cultivant ces qualités, et celles qui en découlent, le futur thérapeute affine ses perceptions et son intelligence : toutes ces connaissances l’amènent à se connaître lui-même, car c’est de lui qu’il doit partir et non d’une image illusoire et imposée comme le font tous ces thérapeutes qui ne doivent leur vocation qu’au fait d’avoir eux-mêmes des problèmes à résoudre.


Le rôle de la technique :
C’est une fois que cela est mis en place, et seulement à ce moment là qu’une technique d’action peut être pleinement utile, car à ce stade, un thérapeute - quelle que soit la technique qui lui semble correspondre à ce qu’il a envie de transmettre - sera un bon thérapeute.
Non seulement il pourra tirer l’essence utile de la technique qu’il va apprendre, mais il saura aussi l’adapter intelligemment aux situations qu’il va rencontrer dans sa pratique.

La technique est-elle donc secondaire ?
La réponse est oui !
Elle reste importante bien sûr, mais elle n’est rien si elle ne repose pas sur une base solide : l’être.
Contrairement à ce que le grand public imagine, ce n’est pas le fait qu’un thérapeute s’affiche comme hypnotiseur, analyste, sophrologue, coach ou autre qui fera le succès de sa thérapie, mais bien la personne qui existe derrière la technique.
De la même façon qu’un maître en kung fu ne sera pas meilleur s’il maîtrise tel ou tel style de kung fu, mais si le ou les styles qu’il maîtrise ont été choisis avec discernement et intégrés à sa personnalité, un thérapeute part de ce qu’il est pour choisir la technique qui lui permettra d’être la meilleure version de lui-même.

Une technique prend quasiment tout le temps naissance à partir de la pratique d’un thérapeute hors du commun.
Bandler et Grinder ont créé la PNL, ils sont d’immenses thérapeutes, brillants, créatifs, élégants... la PNL est diffusée dans le monde entier… et personne ne fait de la PNL comme eux. Ils partent pourtant des mêmes réflexions, et des mêmes inspirations.

Prenons une technique à support extérieur comme le tarot. Quiconque va voir pratiquer quelqu’un comme A. Jodorowky va pouvoir s’exclamer : c’est extraordinaire le Tarot. Mais ce qui est extraordinaire avant tout c’est l’homme qui derrière, est passé par un réel cheminement, et ce cheminement est hors du commun.
Le but n’est pas de se prononcer ici sur la validité ou non du tarot comme technique de changement, ou de dire que tout vient de l’homme et que le tarot n’est pour Jodorowsky qu’une illusion. Mais son intuition, la justesse de ses mots, son regard acéré existent déjà en lui, avant d’être révélé par le support externe qui dans ce cas est un jeu de cartes.

Erickson ne faisait pas de l’hypnose Ericksonienne, il aidait au mieux les personnes qui venaient à lui. Il s’adaptait aux situations, et utilisait l’hypnose car pour lui c’était la méthode qui lui permettait d’utiliser au mieux ses talents et ses possibilités. M. Erickon était un passionné, et travaillait énormément pour obtenir ce résultat, mais il restait totalement adaptable, tant est si bien qu’il existe des compréhensions très différentes de son travail. *

Le présupposé est donc que les grands thérapeutes sont avant tout de grands hommes, et nous pourrions illustrer cette idée à partir de la plupart des courants de thérapie qui ont bien souvent été mis en place à partir de la pratique d’une personne qui a su dépasser la norme.
La technique vient ensuite pour canaliser, pour orienter, et créer, en thérapie, la possibilité du changement chez l’autre, comme cela a déjà été fait pour le thérapeute par et pour lui-même.

Une formation de thérapeute se doit d’envelopper ces deux aspects si elle veut former des praticiens qui puissent avoir une légitimité pleine et entière.




* Qui a le mieux compris Erickson ?
G. Bateson et J. Haley viennent le voir travailler, se passionnent pour ses prescriptions de tâches, et inventent la systémique.
S. Rosen vient l’écouter, et s’émerveille de ses histoires et construit sa technique sur les métaphores thérapeutiques.
E. Rossi se focalise sur le lien corps esprit et se sert d’Erickson et de ses cas pour approfondir ses recherches…
R. Bandler et J. Grinder passent 5 ans à étudier Erickson, et inventent la PNL…
Seul J. Zeig semble avoir su garder un regard objectif et a évité d’interpréter Erickson en cherchant surtout à retranscrire sans interpréter.
Combien de techniques Erickson a-t-il inspiré ? Qui sait aujourd’hui laquelle de ces facettes est la plus « Ericksonienne » ? Il reste une chose qu’Erickson a su transmettre : la méthode Ericksonienne se résume en une phrase : « faites ce qu’il faut pour que ça marche ! » Mais jamais il n’a écrit un protocole…
Peut-être voulait t’il que ses élèves partent avant tout d’eux-mêmes et de leurs propres expériences pour ensuite savoir ce qui était juste en face d’une personne en demande.

Gaelic
14/01/2008, 21h12
Très éclairant. Comme quoi la thérapie est affaire de personnalité.

Et j'ai une question pour les membres de l'Arche : pourquoi, en plus de la supervision, ne pas imposer à vos maitre-praticiens une thérapie personnelle comme cela se fait dans d'autres courants de la psychothérapie ?

Miki
14/01/2008, 21h48
je crois que la pratique de l'hypnse impose déjà par elle même une forme de thérapie: tu dois avoir tester sur toi les techniques, donc te connaître pour être un bon thérapeute...alors que la pluspart des psy apprennent par coeur des schémas, des bouquins, des protocole sur comment "soigner" les "maladies" mentales...du coup y ont pas forcément besoins de se remettre en question. le processus ne demande pas la connaissance de sois, dés le départ, la pluspart des psy se sentent "supérieur", il n'y a pas un rapport d'égal à égal entre patient et thérapeute...heureusement qu'aujourd'hui de plus en plus le "psy" se rendent conte que 1) il ne peut pas s'attribuer le mérite du changement de son patient...2) le traiter d'égal à égal lui demande de renoncer à son impréssion d'être tout puissant et à se remettre en question, lui comme ces croyances et ces vérités et d'accepter celle de ces patients...

moi se que je comprends pas c'est pourquoi est-ce que l'hypnose ne fait pas partie des outils de base pour chaque psycothérapeute, comme tout psy connaît freud, tout psy devrait, à mon sens, savoir pratiquer l'hypnose, ça permet vraiment d'avancer avec ces patients à vitesse grand V.


Merci pour cet article!

Christophe
15/01/2008, 00h08
Très éclairant. Comme quoi la thérapie est affaire de personnalité.

Et j'ai une question pour les membres de l'Arche : pourquoi, en plus de la supervision, ne pas imposer à vos maitre-praticiens une thérapie personnelle comme cela se fait dans d'autres courants de la psychothérapie ?

Disons que tout au long de la formation, et par la suite pendant encore pas mal de temps, les thérapeutes en devenir ont tout loisir de travailler sur eux.... et ça déménage en général ;)

Ce n'est pas une obligation mais ils n'ont pas le choix :D (puisque chaque outil, chaque protocole, chaque méthode est testée par les élèves par eux-même sur eux-même).

Pour les psy, chacun son opinion, je pense que c'est moins caricatural que la manière dont l'exprime Miki. Quant à la position basse, c'est une autre histoire. C'est obligatoire en hypnose, c'est très optionnel dans les autres disciplines... mais je crois que ça change.

Oritas
21/01/2008, 13h18
Assurément ce n’est pas le ciseau qui fait le ciseleur mais l’artiste qui le tient, mais j’irai même jusqu’à demander si l’artiste n’est pas lui même «*l’outil*» de quelque chose de plus vaste ???
Quoi qu’il en soit il reste toujours un aspect technique qui lui s’apprend par la pratique et l’enseignement… Il me semble donc qu’un bon thérapeute doit effectivement être quelqu’un d’accompli, de conscient, ayant dépassé et intégré beaucoup d’aspects du vivant, cela implique forcement une centaine expérience, mais ayant également suivi un bon enseignement. Je pense que cela est valable pour toutes les vocations d’aide aussi bien un psychothérapeute, qu’un coach , astrologue ou qu’ un hypnotiseur… J’ai rencontré une fois Alexandro Jodorwsky, que j’admire profondément, et j’ai été impressionnée par une chose en particulier, c’est que très vite je ne savais plus si je m’adressai à un homme ou une femme il y avait quelque chose de tellement entier chez lui, je ne parle pas d’ambivalence mais de complétude, comme si il avait intégré toutes les facettes de sa personnalité. Sans vouloir le mystifier car il reste pleinement un humain :) il est vrai que sa vision du Tarot est exceptionnelle, créative et profonde.

Kyrios
06/05/2008, 19h07
2e article de la série de Kévin FINEL.
Je vous le copie ici en attendant qu'il soit repporté sur le site principal.
Bonne lecture à tous.
Kyrios

***

2 L’hypnothérapeute est un acteur.


A une époque, j’étais boulimique de formations, je multipliais les stages, les séminaires, les conférences, écoutant un maximum de personnes, testant sans préjugé les techniques les plus diverses et les plus variées - parfois les plus étranges - dans l’intention de comprendre ce qui fonctionnait réellement et de pouvoir le reproduire.
J’ai alors rencontré des personnes hors du commun : des praticiens aux résultats étonnants, et aux qualités surprenantes. J’ai beaucoup appris de chacun d’entre eux. Pourtant, en observant mes propres avancées et celles des personnes que je côtoyais alors, il me semblait discerner une logique de progression différente de celle que l’on peut trouver dans d’autres matières.
Bien sûr, une personne à l’esprit vif et à l’imagination active est à même d’apprendre et de mettre en pratique, mais cela ne suffit apparemment pas pour atteindre l’impact que l’on peut observer chez les thérapeutes les plus doués.
Je sentais déjà que la thérapie ne pouvait s’apprendre de façon académique.
Un thérapeute doit se confronter d’une part à la pratique, d’autre part à lui-même : reproduire donne une base, mais ce n’est qu’une base, pour construire elle est nécessaire, mais pas suffisante.
En créant mes propres formations j’avais cette obsession : ne pas transmettre qu’une technique - que tout bon livre aurait pu délivrer - mais un apprentissage beaucoup plus complet.
Cela, je ne l’ai que difficilement trouvé de façon satisfaisante dans une formation en thérapie, mais j’ai fini par l’approcher dans un domaine qui me semblait pourtant très éloigné de mes recherches : la formation de l’acteur.

Référons-nous au sens général du mot « hypnotiser », et aux situations ou nous retrouvons le vocabulaire lié aux états hypnotiques : de nos jours ce mot est souvent employé comme synonyme d’accroché, touché ou encore absorbé : « ce tableau m’a hypnotisé » « J’étais comme en transe en regardant ce film ».
On dit d’un bon orateur : « il est hypnotique », un comédien l’est forcément lui aussi : par son intention, il fascine son public, et le transe-porte dans l’univers qu’il crée par son jeu.

Centrons-nous sur ce qui est produit sur une scène de théâtre : un acteur joue un rôle et nous savons pertinemment qu’il joue un rôle. Il se tient dans un décor mais nous savons que ce décor est illusoire. Au théâtre, il est souvent à peine suggéré, métaphorique.
Le texte est identique chaque soir, lorsque nous l’écoutons nous savons qu’il a été déclamé la veille et qu’il le sera encore le lendemain.
Notre conscience est au fait de tout cela, mais pourtant nous nous laissons toucher par la magie de la scène…

L’acteur joue. Captivé par son jeu, nous rentrons dans l’illusion qu’il fait vivre devant nos yeux. Nous oublions le décor illusoire pour nous laisser envahir par le monde qu’il suggère. Nous oublions l’acteur et voyons seulement le personnage qu’il incarne. Le texte nous touche, et nous oublions notre position assise, passive - aussi inconfortable soit-elle - pour nous projeter dans cette porte ouverte sur un monde qui ne se maintient que par la force de l’intention de quelques uns. Nous oublions le temps et l’espace pour vivre avec intensité la tranche de vie qui nous est proposée.
Nous rions, ou nous pleurons, et nous oublions l’illusion : car nos émotions ne sauraient être plus réelles qu’en cet instant. Nous sommes sous hypnose, et nous acceptons les suggestions émises.

C’est un placebo ! Oui, mais ici, le mépris habituel - et stupide - envers le placebo est oublié. Là, il est accepté, et même espéré. Mieux : nous payons pour le vivre, et nous en voulons encore et encore.

Fin de l’acte : le personnage meurt… voyons-nous encore l’acteur ? Non, nous ne voulons plus le voir ! Nous savourons l’émotion, nous jouissons du fait d’avoir été touché. Et notre conscience ne veut surtout pas à ce moment là se souvenir qu’une fois le rideau tombé, le comédien se relève, et se prépare déjà à faire mourir son personnage le lendemain !

Cela détruirait t’il notre émotion comme l’efficacité d’un placebo est supposée être éventée lorsque le sujet apprend sa nature ? Au fond, c’est peu probable, sauf pour un esprit qui se laisserait totalement piéger par son mental. Car cela reviendrait à nier le ressenti.

L’art est une possibilité de transformation, en ce sens il est thérapeutique. Il est une inspiration, une respiration. Notre humeur et nos ressentis sont très souvent créés par notre imagination. C’est par nos émotions que nous ouvrons la porte au changement et à l’évolution, que nous apprenons et que nous avançons.
C’est parce qu’une personne a touché quelque chose en nous, qu’elle imprime un rêve… ou une peur. Seule une autre émotion pourra par la suite influencer ou transformer cet apprentissage.

La thérapie fonctionne sur ce principe : l’hypno thérapeute entre dans le monde de son sujet, et propose de nouvelles voies. La conscience de son sujet est son public, l’inconscient contient le décor et les acteurs : le thérapeute est le metteur en scène, il indique, suggère, et crée les conditions de la représentation. Il la rend complète, crédible, adaptée aux autres regards. Il lui donne corps.
Pour ce faire, il prend contact avec l’inconscient, et le stimule… l’inconscient réagit, les sensations influencent les perceptions, changent la représentation du monde… puis le monde lui-même se transforme.

Au fond, un hypno thérapeute n’utilise que des mots, ce n’est qu’une communication, la mise en place d’un contexte.
Comme l’acteur, le thérapeute doit croire en ce qu’il dit. Il doit le vivre avec intensité, justesse, et le transmettre avec une intention mesurée et affutée.
Il doit avoir conscience de lui et une écoute, une attention tendue en permanence vers la personne qu’il accompagne. Comme un mime, il doit avoir une conscience aigüe de son corps, du langage non verbal qu’il exprime. En tant que comédien, il travaille sa voix, son regard ; il est alerte, tonique, parfaitement congruent, adaptable et intense.
Pour cela il doit avoir exploré toutes les facettes de sa propre personnalité.

Tout comme l’acteur, le thérapeute part de ce qu’il est. Il ne simule pas, il vit. Il ne fabrique pas dans la superficialité, il agit avec les couches les plus profondes de son être, avec toutes les facettes de sa personnalité.

La base est donc la même.
La particularité du thérapeute est qu’il doit prendre en compte 2 éléments :
- Son client est unique et il doit s’adapter à lui.
- Il ne pourra jamais réitérer une séance, elle aussi est unique.

Dans un tel travail, il ne reste donc aucune place pour la science moderne : pas de reproduction, ni de recette. La thérapie est un art à part entière, un art particulièrement éphémère puisqu’il ne laisse pas de trace autre qu’un sourire sur le visage de la personne que l’on a pu aider.

Le thérapeute idéal est celui qui a la force de prendre un objet banal et de l’éclairer d’une façon nouvelle. Il est alors l’incarnation du changement.

Nous avons fait en sorte d’incorporer ces paramètres dans les formations, en ajoutant un travail personnel et interne rigoureux. Chaque année, je perçois que je dois aller plus loin dans cette direction, et les résultats se font sentir, ils sont encourageants. Nous devons, à ce sujet, tendre vers un idéal :

Un thérapeute va effectuer un acte magique s’il trouve la bonne alchimie interne.
Par acte magique, j’entends un acte qui crée une brèche dans les routines d’une personne, qui lui rappelle que la réalité est multiple, mouvante, surprenante. Cette brèche a pour but de réveiller, de ramener une personne à sa liberté de choix, quel que soit son passé. Contrairement aux croyances populaires, l’hypnose, n’a pas pour but d’endormir, mais bien au contraire de permettre une rupture dans le sommeil quotidien crée par les routines et la stagnation.

Parfois, une simple phrase va changer la vie de quelqu’un.
Cette phrase est la bonne phrase, entendue au bon moment, et dite de la bonne façon.
Pour que cela fonctionne, il faut que les deux protagonistes soient prêts et accordés.
Mais seul l’hypno thérapeute sait utiliser sa propre personne comme on manie un outil, il l’accorde aussi parfaitement que possible à la tâche thérapeutique, c’est à lui de faire ce travail.
Sa voix, son regard, ses gestes… chaque détail doit être imprégné d’intention, et dirigé vers un but : le changement.

Là ou une œuvre ne va rencontrer qu’une partie de son public, le thérapeute doit tout faire pour faire « mouche » à chaque fois. Aussi, si son but n’est pas de toucher des millions de personnes en même temps, il peut atteindre « l’essence » chez les personnes qu’il rencontre. Une par une.

Et en créant ce changement, il transforme une vie.
Chez son client, il recrée l’idée de liberté.

Kévin FINEL
***

zizou
06/05/2008, 20h50
Bonjour

Merci beaucoup pour ces articles. L'esprit de votre enseignement est digne de celui qu'avait Erickson d'après ce que j'en sait.
Cela donne vraiment envie de suivre vos formations, car la confiance est une chose primordiale pour l'éléve envers son instructeur comme pour le patient envers son thérapeute. Le premier thérapeute que j'ai suivi pratiquait l'HE, soi-disant. Mais je suis sûr qu'Erickson lui ne parlait pas au téléphone quand il était avec ses patients. A l'heure où les centres de formation fleurissent partout la pégagogie est de mise.

Voici ce qui m'a aussi interpellé :


"La technique est-elle donc secondaire ?
La réponse est oui !
De la même façon qu’un maître en kung fu ne sera pas meilleur s’il maîtrise tel ou tel style de kung fu, mais si le ou les styles qu’il maîtrise ont été choisis avec discernement et intégrés à sa personnalité, un thérapeute part de ce qu’il est pour choisir la technique qui lui permettra d’être la meilleure version de lui-même."

Une sentance Zen dit :
Face à la force, c'est la technique qui l'emporte.
Face à la technique, c'est l'esprit qui l'emporte.

Pour illustrer mon propos voici une petite histoire :
Un redoutable samouraï décida de défier au combat les 100 personnes qui passeraient sur un pont. Alors qu'il avait déja tué 99 combatants, un jeune moine passa le pont et le samouraî le défia au combat. Le moine était sûr de mourir, alors il dit au samouraï qu'il devait aller dire adieu à son maître avant. Le moine alla donc voir son maître afin de recevoir les dernières recommandation sur la meilleure façon de mourir. Le moment du combat arriva et le jeune moine suivit les conseils de son maître. Il tendit son sabre devant lui et ferma les yeux attendant dignement sa mort. Voyant cela le samouraï resta perplexe et le doute le gagna. Seul un grand maître d'arme peut ainsi combattre les yeux fermés. Le samouraï supplia alors à genoux le jeune moine de le prendre pour éléve.


"* Qui a le mieux compris Erickson ?
Peut-être voulait t’il que ses élèves partent avant tout d’eux-mêmes et de leurs propres expériences pour ensuite savoir ce qui était juste en face d’une personne en demande. "

Je pense que les Andreas ont aussi contribué à cela en créant le processus de "Core Transformation"

Merci de m'avoir lu

daniel
07/05/2008, 10h34
Bruce LEE raconte ce precepte Zen, qui illustre tout apprentissage.

Avant de pratiquer le Kung Fu, un coup de poing n'était qu'un simple coup de poing
et un coup de pied, un simple coup de pied.
Mais après quelques temps d'entraînement, le coup de poing n'était plus un simple coup de poing et le coup de pied un simple coup de pied.
Maintenant après des années de pratique, le coup de poing est un simple coup de poing et le coup de pied, un simple coup de pied.

david picard
08/05/2008, 22h03
Le premiere article me rappelle une phrase à laquelle je pense souvent: Marx disant: "je ne suis pas marxiste!"

luc
24/05/2008, 10h00
super ces 2 articles !

Eric Capitaine
01/04/2009, 00h29
J'aime beaucoup ces deux articles...

A quand la suite ? ;)

amazzir
01/04/2009, 21h50
Merci Eric d'avoir fait remonter ces articles que je n'avais pas lus.;)
Et merci à Kevin pour cette belle approche car je crois que c'est ça qui m'a particulierement touché en formation:la sensibilité et l'élégance ..:)

Gaelic
02/04/2009, 11h15
Oui à quand la suite d'ailleurs ?

jeangeneve
03/11/2012, 23h30
garçon la suite...

dbuffault
05/11/2012, 14h43
Je ne les avais pas lu, merci de les avoir fait remonter Jeangeneve.
Sur l'effet placebo sensé s'éventer lorsqu'on en prend conscience (dans le deuxième article), voici un article très intéressant basé sur une étude sortie en septembre 2012 (à la décharge de Kevin elle n'existait pas au moment de la rédaction de son article) : http://blog.slate.fr/globule-et-telescope/2012/09/10/leffet-placebo-fonctionne-aussi-sans-passer-par-la-conscience/
En gros, l'effet placebo fonctionne indépendamment du fait que la conscience soit ou non au courant de l'action entreprise.

Ted Kaptchuk, directeur du Program in Placebo Studies (PiPS) au Beth Israel Deaconess Medical Center/Harvard Medical School, coauteur de l’article, déclare : “Ce n’est pas ce que les patients pensent qu’il va se produire, c’est ce que le cerveau non conscient anticipe, malgré l’absence de toute pensée consciente, qui influence le résultat. Ce mécanisme est automatique, rapide et puissant. Il ne dépend pas des délibérations mentales et du jugement. Ces découvertes ouvrent une voie entièrement nouvelle vers la compréhension de l’effet placebo et des rituels de la médecine”.