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La sorcière
12/03/2009, 11h19
Bonjour,
Je suis souvent confrontée à des ados qui me disent "ne pas trouver leur place sur cette terre"...
Comment aborder le sujet ?
Merci pour votre réponse !

Lilala
12/03/2009, 22h01
Bonsoir "la sorcière bien aimée",

Il me manque des détails pour étayer une réponse correcte mais au premier abord, il me semble qu'une partie du travail ait déjà été amorcée dans ce que vous décrivez (Ouf! Bravo! :-). Par cela, j'entends que l'alliance thérapeutique est présente dans le sens où ces adolescents verbalisent clairement leur problématique "ne pas trouver leur place" ou plutôt ils "aimeraient trouver leur place sur cette terre" (déjà il y a le désir de...). La perche est tendue pour moi, il faut effectivement s'en saisir.

Personnellement, je demanderais à la personne d'exprimer avec ses propres mots ce que "trouver sa place" veut dire pour elle (en effet, ma carte du monde n'est pas la même que la sienne...): ça veut dire quoi, c'est comment, est-ce qu'il peut y avoir de la projection/identification, culturellement?... Je pense que je ne pourrais pas m'empêcher d'y rajouter un peu de systémie et de circularité: et dans la famille, "trouver sa place"...?
Après, je suis beaucoup trop novice pour formuler une réponse hypnose (ou plutôt trop peureuse pour me lancer!)... Je vais attendre, comme vous, la réponse des autres! :-) Donc, back to square one!

Claude
13/03/2009, 10h23
Comment aborder le sujet ?
Merci pour votre réponse !

Aussi bien pour l'ado que pour vous, ce qui ne serait peut-être pas très sorcier pour commencer, ce serait déjà de se poser la question : quel est le sujet ?

"Ne pas trouver sa place" n'est pas une problématique !

C'est quoi "ne pas trouver sa place ?" et donc, "c'est quoi de trouver sa place ? " comme le suggère Lilala. Moi je poserais plutôt la question : "ce serait quoi pour toi "ta place" alors que tu n'as pas encore réussi à la trouver ?

D'abord, on ne trouve que ce que l'on cherche. Cherche-t-il une place, où sa place ? Pour quel(s) avantage(s) attendus ou supposés ? Laquelle ? comment fait-il pour la chercher ? Depuis combien de temps ? Est-ce qu'on le doit ? Pourquoi ? Pour qui ? A-t-on naturellement une place réservée ? Si oui, par qui ? Et puis, y a -t-il une place à trouver ? ... ou à batir ? si oui, quelle serait-elle ? est-ce d'une seule place ou y en a-t-il plusieurs selon les situations, selon avec qui on est ? (copains ? papa, maman ? adultes ? profs ? autorité ? ) etc, etc, ...

A partir de questions, il se pourrait qu'il prenne conscience de lui-même que tout ne dépend pas des autres ou de la place qu'il croit que les autres devraient lui attribuer, qu'il est beaucoup plus maître de sa destinée qu'il ne le croit. De ce fait, il se pourrait qu'il lui vienne l'envie de faire (d'agir) ce qu'il convient pour lui pour trouver son équilible plutôt que de constater qu'il ne l'a pas... ou de croire peut-être que c'est aux autres de le lui apporter, comme si c'était un dû...

Mais surtout, il se pourrait qu'au passage, on découvre des peurs des angoisses (de ne pas réussir, d'être jugé, etc... etc ... ) des manques de confiance, et qu'il prenne conscience au passage que tout serait vraiment plus facile, y compris de se sentir bien "à sa place", c'est à dire être bien dans sa peau partout, que ce soit là, dans l'endroit où l'on est au présent et même là-bas, dans l'endroit où l'on a envie d'être... même par exemple, avec des gens que l'on ne connait pas...

L'envie de changer quelque chose en soi est toujours la première marche à élaborer pour permettre le changement.

Les questions n'ont d'autres buts que de permettre de donner une telle envie... comme pour clarifier et éclairer le chemin qui reste à parcourir ... pour trouver justement, ce que l'on cherche réellement.

Après, tout devient plus simple, y compris avec l'hypnose, bien entendu.

La sorcière
13/03/2009, 11h17
Merci pour ces réponses, cela m'éclaire !

Ces ados ne trouvent pas de sens à leur vie et il est certain que ça cache des angoisses qui, si elles disparaissent, leur permettront de voir les choses autrement.

Merci Claude pour votre réponse, je vais m'en inspirer.

Bonne journée !

Lilala
13/03/2009, 15h05
Bonjour Claude,

Merci aussi pour la réponse enrichissante! Je voyais plus la DO (parce que c'est bien de ça dont il s'agit?) beaucoup moins précise et orientée. Mais finalement, c'est très logique car en effet, derrière ce vécu il y a de l'affect/ressenti (...). Et ce qui est valable dans ma normalité, dans le sens où j'interviendrais sur cela, est également applicable à l''hypnose.

En revanche, "ne pas trouver sa place" peut être autant un 'sujet' qu'une 'problématique'! Ca dépend du jargon auquel vous faites appel. Attention :-)

Couchetard22
13/03/2009, 15h49
Oui, l'adolescence est une période de vie que j'ai "revécu" avec mes fils, coincés par les modèles sociaux, parentaux, etc... les "je pense que tu penses çà de moi, que tu attends çà de moi", l'enfer étant pavé de bonnes intentions, les parents sont rarement à-même d'aider leurs enfants puisqu'ils participent inconsciemment à leurs dilemnes. Cà m'a permis de revoir comment ces contraintes détourne les ados de leur propre vécu, ressenti, de leurs ressources qui ne demandent qu'à s'exprimer, pour peu qu'ils se lancent dans leur propre expérience de la vie.

cordouan
13/03/2009, 16h53
oui couchetard, c'est important de laisser les ados avoir leur première expérience de la vie;

j'ai été trop brimé par les schémas de pensée d'un père en décalage par rapport à mes aspirations propres; j'aurais dû tout larguer, partir à l'aventure, vivre dans la rue...;

je déconne! mais j'ai rencontré à Besançon des êtres meurtris par la vie, des filles et des garçons paumés qui vivaient dans la rue; j'y ai aussi rencontré une femme formidable, Mle Stewart, responsable du bureau de l'Armée du Salut à Besançon; une femme pleine de vie, du désir de venir en aide à ces jeunes gens paumés...

ele le faisait dans le plein renoncement à elle-même, encaissant les coups sans rien dire mais dans une pleine disposition de coeur à servir son prochain;

ce n'était pas du samu social, c'était avec "des entrailles de compassion" qu'elle agissait; ce n'était pas du peace and love, c'était un vrai témoin de la passion et de la résurrection du Christ:

allez, bonne fin d'après-midi!

Didier


je suis tout de même reconnaissant d'avoir été épargné des souffrances de la vie dans la rue!



Oui, l'adolescence est une période de vie que j'ai "revécu" avec mes fils, coincés par les modèles sociaux, parentaux, etc... les "je pense que tu penses çà de moi, que tu attends çà de moi", l'enfer étant pavé de bonnes intentions, les parents sont rarement à-même d'aider leurs enfants puisqu'ils participent inconsciemment à leurs dilemnes. Cà m'a permis de revoir comment ces contraintes détourne les ados de leur propre vécu, ressenti, de leurs ressources qui ne demandent qu'à s'exprimer, pour peu qu'ils se lancent dans leur propre expérience de la vie.

Couchetard22
13/03/2009, 17h52
On peut mettre beaucoup de temps à différencier l'être humain relatif (avec son histoire propre qui permet de comprendre qu'il n'a pû faire que ce qu'il a fait, ses qualité et ses défauts...) qui se cache (?) derrière l'image toute puissante du père ou de la mère.
C'est curieux, Melle Stewart me fait plus penser à un(e) boddhisatva ;)

Claude
13/03/2009, 18h19
En revanche, "ne pas trouver sa place" peut être autant un 'sujet' qu'une 'problématique'!

Bien sûr Lilala ! Tout peut-être problématique, mais ....

Pour être efficace, le mieux étant de l'exprimer et de faire s'exprimer en positif. Le piège est l'utilisation de la négation. C'est tout.

Exemple :

Si "je cherche ma place" (donc j'agis déjà) cela signifie que, bien que peut-être mon comportement soit totalement inapproprié pour l'obtenir, j'ai déjà une idée (je suis capable de l'imaginer dans telle ou telle circonstance) de ce que devrait-être ma place ... puisque je la cherche.

Je peux donc facilement et tout naturellement me poser la question du genre : "comment dois-je donc faire autrement puisque je désir réussir cette recherche ? "

Si "je ne trouve pas ma place", bien que la négation présuppose en effet que la recherche soit en cours ou a déjà été faite, je risque de passer à coté du fait que je n'ai jamais défini ce que devrait-être ma place... selon moi. (Comment en effet avoir une chance de trouver ce que l'on ne sait même pas ce que çà pourrait bien être ? )

Peut-être même, je ne trouve pas ma place car il n'y a pas de place pour moi ! (croyance) ou encore que je ne la recherche même pas (car je pense que naturellement, elle devrait exister "ma place" ! croyance là encore ) ou encore que je veux signifier d'autre chose à celui qui m'écoute ( Je suis paumé et malheureux, c'est comme si les autres existaient et pas moi ... eux, ils ont une place... etc ... ... )

En définitive, puisque le but est de faire en sorte que la personne agisse (ou précise ce qu'il convient de changer avant une séance d'hypnose par exemple) pour qu'elle obtienne quelque chose, l'usage de la forme positive facilitera toujours l'émergeance de piste(s) pour trouver une solution.

Autrement dit, si j'énonce ma problématique ainsi " je n'arrive pas à me rendre à Toulouse" Cela marque mon état d'incapacité à aller à Toulouse. C'est tout.

Si je dis " je cherche à me rendre à Toulouse" cela me permet d'envisager que de multiples solutions existent, différentes et variées peut-être mais qui toutes me permettent d'avoir une chance de réussir. En même temps, puisque c'est comme une invitation pour eux, j'ai déjà mobilisé quelques neurones qui cherchent déjà activement quelles sont les solutions possibles ! C'est pas déjà un progrés çà ?

Pour moi Lilala, la problèmatique est " Comment faire pour trouver ma place ?" (ce qui est à résoudre donc )

"Je n'arrive pas à trouver ma place " : c'est un constat.

Comment résoudre ou aider à résoudre un problème qui n'est pas posé ? Je ne sais pas... Ca n'empêche pas que Toulouse "la rose" soit une très jolie ville parfaitement accessible ! Non ?

Lilala
14/03/2009, 08h12
Bonjour,

Merci pour votre réponse! Je comprends mieux le pourquoi du comment maintenant... Et ça c'est vraiment important! (dernière colonne de la machine à blabla)

100% d'accord avec vous. Petite précision tout de même: il est bien entendu proscrit d'accueillir une personne en entretien en lui demandant de verbaliser sa problématique! :-) (ça c'est du jargon perso, la voix off!)
Ca me fait penser à mon ancien médecin généraliste qui avait l'habitude de m'accueillir en consultation avec un "ça va"? (Alors que si je venais le voir c'est que justement ça n'allait vraiment mais vraiment pas!).

En tout cas, j'ai beaucoup aimé travailler avec les ados personnellement. C'était des séances parfois 'musclées' (Je teste qui tu es? Jusqu'à où je vais pouvoir aller? Jusqu'à quel point je peux être mortifère...) mais il y a chez eux une telle 'plasticité'... Pour n'avoir jamais travaillé avec des enfants, je suppose que cette capacité est d'autant plus marquée que chez les adoslescents.

david picard
14/03/2009, 21h57
Voilà qui me rappelle ce que disait mon grand-père:
"Quand on trouve pas sa place, on se la crée!"

La sorcière
15/03/2009, 10h31
Quelle jolie idée que celle de ton grand père !
Je la retiens...

Couchetard22
15/03/2009, 16h03
Peut-on dire que le principe de réciprocité s'applique à la proposition de votre grand-père?
Quand on crée, on trouve sa place?

david picard
18/03/2009, 00h04
Principe de réciprocité?! Sûrement oui, d'ailleurs il a bon dos papy! ;)

Couchetard22
18/03/2009, 00h42
Je vois, c'était un jeu drôle Ericksonnien ;)
Reconnecter les ados avec leur capacité créative les reconnectent du même coup avec leur force de vie (de leur inconscient) qui ne peut-être que créative. C'est là que les stratégies d'apprentissages leur donnent les clés qui permettent d'effectuer les "bon règlages"...

cordouan
19/03/2009, 16h03
bonjour Claude!

je cite cela en titre de mon message car dans notre société où il faut tout optimiser(!), on devient esclave du gps, véritable merde qui tyrannisent nos cerveaux;
le risque est grand que la génération future aura perdu tout sens de l'orientation, pour peu que l'on continue à se fier à ces saletés de satellites qui vont tous nous faire devenir comme des zombies;

en écrivant cela, je pense à mon cousin, calé en maths, qui savait faire fonctionner ses cellules grises (il doit avoir la cinquantaine aujourd'hui);

voilà, mon coup de sang est passé!

allez, bonne fin de journée!

Didier

ah, p.s.: bientôt, ce seront des petits morveux qui nous diront comment ... (censuré)





Bien sûr Lilala ! Tout peut-être problématique, mais ....

Pour être efficace, le mieux étant de l'exprimer et de faire s'exprimer en positif. Le piège est l'utilisation de la négation. C'est tout.

Exemple :

Si "je cherche ma place" (donc j'agis déjà) cela signifie que, bien que peut-être mon comportement soit totalement inapproprié pour l'obtenir, j'ai déjà une idée (je suis capable de l'imaginer dans telle ou telle circonstance) de ce que devrait-être ma place ... puisque je la cherche.

Je peux donc facilement et tout naturellement me poser la question du genre : "comment dois-je donc faire autrement puisque je désir réussir cette recherche ? "

Si "je ne trouve pas ma place", bien que la négation présuppose en effet que la recherche soit en cours ou a déjà été faite, je risque de passer à coté du fait que je n'ai jamais défini ce que devrait-être ma place... selon moi. (Comment en effet avoir une chance de trouver ce que l'on ne sait même pas ce que çà pourrait bien être ? )

Peut-être même, je ne trouve pas ma place car il n'y a pas de place pour moi ! (croyance) ou encore que je ne la recherche même pas (car je pense que naturellement, elle devrait exister "ma place" ! croyance là encore ) ou encore que je veux signifier d'autre chose à celui qui m'écoute ( Je suis paumé et malheureux, c'est comme si les autres existaient et pas moi ... eux, ils ont une place... etc ... ... )

En définitive, puisque le but est de faire en sorte que la personne agisse (ou précise ce qu'il convient de changer avant une séance d'hypnose par exemple) pour qu'elle obtienne quelque chose, l'usage de la forme positive facilitera toujours l'émergeance de piste(s) pour trouver une solution.

Autrement dit, si j'énonce ma problématique ainsi " je n'arrive pas à me rendre à Toulouse" Cela marque mon état d'incapacité à aller à Toulouse. C'est tout.

Si je dis " je cherche à me rendre à Toulouse" cela me permet d'envisager que de multiples solutions existent, différentes et variées peut-être mais qui toutes me permettent d'avoir une chance de réussir. En même temps, puisque c'est comme une invitation pour eux, j'ai déjà mobilisé quelques neurones qui cherchent déjà activement quelles sont les solutions possibles ! C'est pas déjà un progrés çà ?

Pour moi Lilala, la problèmatique est " Comment faire pour trouver ma place ?" (ce qui est à résoudre donc )

"Je n'arrive pas à trouver ma place " : c'est un constat.

Comment résoudre ou aider à résoudre un problème qui n'est pas posé ? Je ne sais pas... Ca n'empêche pas que Toulouse "la rose" soit une très jolie ville parfaitement accessible ! Non ?

Couchetard22
20/03/2009, 11h38
Quand on peut faire passer un "message" avec humour, c'est toujours payant, par exemple:
“Demain, on rase gratis”.
Si nous ne prenons pas garde à la façon dont nous utilisons le langage, nous nous retrouvons confrontés à des situations que nous voulons pas vivre, mais que nous avons programmées. Notre IC enregistre tout au pied de la lettre:
“DEMAIN, on rase gratis” ou tout autre chose. Si nous construisons nos objectifs de cette façon, nous n’arrivons jamais à les atteindre, et pour cause, demain c’est demain... Le seul espace temps réel, c’est maintenant!
A reformuler de façon vivante, évidemment... ;)

cordouan
20/03/2009, 11h48
bonjour couchetard,

merci pour ton message!

juste cette réflexion: aujourd'hui nous avons perverti le signe; le langage a été complètement perverti;

et nous nous disons que nous sommes entrés dans l'ère de la communication; nous disons que nous maîtrisons tout désormais!

peut-être que ceux qui le disent ont raison; ... ils en sont tellement persuadés!

allez, bonne journée!

Didier



Quand on peut faire passer un "message" avec humour, c'est toujours payant, par exemple:
“Demain, on rase gratis”.
Si nous ne prenons pas garde à la façon dont nous utilisons le langage, nous nous retrouvons confrontés à des situations que nous voulons pas vivre, mais que nous avons programmées. Notre IC enregistre tout au pied de la lettre:
“DEMAIN, on rase gratis” ou tout autre chose. Si nous construisons nos objectifs de cette façon, nous n’arrivons jamais à les atteindre, et pour cause, demain c’est demain... Le seul espace temps réel, c’est maintenant!
A reformuler de façon vivante, évidemment... ;)