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Voir la version complète : Auto hypnose et musique



spatzl
06/07/2010, 21h09
Bonjour à tous,

Je suis nouveau ici, donc une petite présentation:

Je m' appelle Olivier, j' ai 28 ans et je vis en Allemagne. Je suis pianiste concertiste, donc concerts, mais aussi enseignement du piano. J' ai commencé le piano à l' âge de 4 ans, donc on peut dire que je connais l' instrument.

Ce qui m' a emmèné à l' hypnose en général et ici en particulier est le fait 1) que les musiciens connaissent très mal les mécanismes d' apprentissage et utilisent des méthodes qui ne sont à mon sens pas efficaces, ou du moins, qui pourraient être grandement amèliorées 2) que les musiciens ne savent pas qu' est ce qu' est l' inspiration, le don.

Le premier point que j' aimerais éclaircir est la stratégie d' apprentissage. Il existe en gros deux grandes écoles: La russe, et disons l' européenne.

La méthode russe est simple: répéter indéfiniment (95% du temps sans ressentir ce qu l' on fait) jusqu' á ce que les doigts jouent sans qu' on s' en rende compte. Avantage: c' est sûr. Inconvénient: demande au moins 8 heures de travail par jour sans jour de repos possible et ce pendant des mois. Si les muscles ne suivent pas, tout est perdu. De plus, le morceau est oublié trés rapidement aprés le ou les concert, comme si la dernière échéance déprogrammait le corps, de manière á pouvoir recevoir de nouveaux morceaux. Bon, on devient une machine, mais au moins, on joue les notes (ce pourquoi d' innombrables russes et asiatiques gagnent des concours internationaux, mais ne font quand même pas carrière...)

La méthode européenne est plutot pour les feignasses que nous sommes: analyse le texte en profondeur, comprendre comment il a été écrit et essayer
de le jouer tel quel. La méthode demande environ 2 mois de travail à raison de 4 heures par jour et par oeuvre, mais on peut s' occtroyer un jour de repos toutes les 3 semaines. L' oeuvre reste plus longtemps dans la tête, mais les doigts ont trés souvent trés peur, hésitent, et surtout, ne répondent pas de manière optimale dans les premières executions en public. Aprés une dixaine de concert, le morceau est rodé, on sait qu' on peut le jouer, on se sent mieux, et ça commence enfin à être intéressant sur le plan artistique. Le problème est qu' il est rare de jouer trois fois de suite le même programme... De plus, le coté intello de la chose, plus l' incertitude du corps induisent des insomnies, irracibilité du caractère,etc... On est intelligent, mais on fait des erreurs bêtes et fréquentes...

On a donc une situation ou une quantité phénoménale d' information doit être ingérée, comprise, mise en oeuvre, en situation de stress aigüe.
Si on comprend tout ça et qu' on ne se fait pas de tendinite ou autres claquages, (qui arrivent fréquemment) ben on peut monter sur scène. Et là, ça peut être le pied, quand ça se passe bien, ou l' enfer si ça se passe moins bien. Avec les spirales dépressives qui s' ensuivent...

Je suis venu à l' auto hypnose pour réduire le trac avant les concerts. Je me suis rapidement aperçu que les processus d' apprentissage pouvait être bien mieux compris et utilisé:

Pendant l' apprentissage d' un morceau, je délègue la lecture de la partition à mon Conscient, qui en profite pour l' analyser. J' essaye de donner le controle du corps à l' Inconscient sans le superviser, et controle par l' ouie (elle, je sais pas qui la controle....) que le corps joue le texte, tel qu' il devrait être. Si les fontières imposées par le texte, le style, l' auteur etc, sont bien délimitées, je dois avouer que l' espace au sein de ces frontières et infini: c' est la place dévolue à l' interprétation. Je me rends compte que l' inconscient prend de plus en plus d' initiatives en ce qui concerne les directions à prendre, et de fait, je suis parfois surpris par ma propre interprétation, même sis je sais pertinemment qu' elle s' inscrit dans les frontières décrites au dessus. Le tonus musculaire est devenu optimal: attaque souple de chaque note et détente immédiate aprés l' enfoncement de chaque touche (ce qui correpond à quelques milliers de tension-détente par jour et par doigt). La respiration est plus organique ( avec le ventre, plus lente et plus régulière).

J' ai mis en place tout ça au cours des trois dernières semaines, c' est donc trés frais, et je suis en train de l' expérimenter sur moi, parceque c' est quand même tripant :D

Ma question serait de savoir comment transmettre tout ça à un enfant de 6 ans, par exemple. Serait il mieux que je l' initie à l' AH ou au contraire que je pratique une hypnose pour qu' il assimile le processus ? Et si c' est le cas, est il bon d' hypnotiser dans une langue qui n' est pas maternelle (je parle bien allemand, mais je continue à faire des fautes de genre sur des mots peu courants...). En bref, pour moi, ça commence à marcher, mais comment transmettre tout ça à mes étudiants ?

Vous avez tout lu ? Z' etes vraiment maso, faut voir quelqu' un... :rolleyes:

Gaelic
08/07/2010, 14h55
Il est intéressant de modéliser la pratique d'un expert en la matière. Quelqu'un qui a fait carrière, qui semble tout réussir "facilement", pour qui c'est devenu naturel. Et (sa)voir comment il fait : comment il a appris.

Deux choses me frappent dans votre description :
- quelle est la place du plaisir dans votre stratégie d'apprentissage ?
- quelle est l'objectif ?
- quelles sont les différences entre votre objectif et celui de vos étudiants ?

Je connais quelques autodidactes qui n'ont pas appris à la manière russe ni à la manière européenne, et qui se débrouillent très bien ;)
Quelles sont leurs stratégies ?

spatzl
09/07/2010, 09h06
Bonjour Gaelic,


Quelle est la place pour le plaisir dans l' apprentissage ?

Tant que le morceau n' est pas appris et maitrisé, le plaisir à jouer n' est pas présent.
Une petite précision: On peut (c' est mon cas) être trés bon en ce qui concerne la lecture à vue (on ouvre une partition qu' on ne connait pas, et on joue, en prenant soin que les yeux restent toujours sur la partition. Le corps joue à l' aveugle), et aimer ça, et avoir des difficultés pour apprendre par coeur, ou du moins jouer avec le même naturel sans partition.

Les musiciens professionels différencient le fait de jouer au piano, et le fait de travailler son piano. On peut jouer au piano soit 1) en lecture à vue, 2)en concert, aprés avoir appris (travaillé) le texte.

Le plaisir est souvent dans le fait de jouer, pas de travailler, et c' est ce qui nous rend dépendant de la scène ( et pas du studio de travail...).

Le plaisir est je pense vraiment présent au début de l' apprentissage d' un morceau, lorsque l' on prend connaissance avec l' oeuvre, avec ses détails, ses forces, ses faiblesses, ses humeurs. Là, c' est vraiment du plaisir. Aprés 4 ou 5 jours passés sur l' oeuvre, le charme de la première rencontre s' estompe, et vient le travail de répétition, qui est long. Le fait est de constater que la plus belle des pièces devient à un moment la plus banale des pièces (passer des heures tous les jours á regarder le même tableau, ou la même sculpture, devient à un moment lassant). On dit dans notre milieu que la pièce résiste, elle ne se laisse pas faire... Autant on a pû l' apprécier, autant elle essaye de s' echapper à notre contrôle. Je pense aussi que ce processus de dégradation de l' aura de la pièce contribue au fait que l' on puisse se l' attribuer. On devient son maître, en quelque sorte...

Quel est l' objectif ?

L' objectif découle des remarques ci-dessus: arriver à assimiler une oeuvre de manière optimale, c' est à dire, sans devoir lui faire violence ou se faire violence. Au final, sur scène, on doit se sentir uni avec l' oeuvre, ne faire qu' un. Je trouve paradoxal qu' une grande partie du travail du musicien est de forcer l' oeuvre à être ou rester avec lui quand au final, il doit la transcender et se transcender par elle...

Vous aurez bien compris que lorsque je parle de l' Oeuvre, je parle de l' image d' un morceau de musique renvoyée par l' inconscient ( qui joue du piano, comme le conscient analyse la musique). Il est donc important de savoir pourquoi l' inconscient oppose toujours une résistance. D' où l' idée de prendre contact avec l' inconscient par l' AH pour définir avec lui ce qui pourrait être le meilleur des accords possible entre plaisir, assimilation, et exècution.

Pour ce qui est des autodidactes, je dirai que nous le sommes tous. Chacun a une main qui est unique, une psychologie qui est unique et les stratégies pour arriver à jouer avec son corps et son esprit sont de toutes façon toujours personnelles. Le problème situant aprés le "comment je joue", cad comment l' oeuvre est elle ancrée en moi de manière sûre et saine?
Si vous connaissez un autodidacte capable d' apprendre le 3e concerto de Rachmaninov sans difficulté, et si ce même autodidacte est capable de jouer ce concerto avec orchestre au premier concert en se sentant au mieux de sa forme et au mieux de son inspiration, et si tout ça est possible sans passer par la répétition (à la russe) ou le doute (à l' européenne), alors conseillez lui de m' envoyer la méthode, il aura ma reconnaissance éternelle... :p

En tout cas, merci pour votre intérêt et à bientôt !


Olivier

Couchetard22
09/07/2010, 10h19
Bonjour Olivier, pourquoi ne pas utiliser les accès oculaires pour faciliter la mémorisation, comme les travaux de la PNL en pédagogie l'on démontré?
C'est peut-être une piste à explorer avec la modélisation ébentuelle de l'auteur ou d'un musicien brillant?

Couchetard22
09/07/2010, 13h17
Autre idée, un stage d'hypno-lecture avec Cédric.
L'objectif pourrait être dans un premier temps, la mémorisation de la partition complète en demandant à l'IC d'établir toutes les connexions nécessaires pour jouer cette partition.
La phase de mémorisation est importante, le plaisir complet vient après, lorsque la séquence peut être "déroulée" facilement, comme en taïchi par exemple, on peut alors apprécier les finesses... ;)

Gaelic
09/07/2010, 14h38
Bonjour Gaelic,


Quelle est la place pour le plaisir dans l' apprentissage ?

Tant que le morceau n' est pas appris et maitrisé, le plaisir à jouer n' est pas présent.

Le plaisir est je pense vraiment présent au début de l' apprentissage d' un morceau,...

Euh... je n'ai pas tout compris je crois :D

Vos étudiants sont-ils plutôt des enfants, des ados, des étudiants (20 ans), des adultes ?
Dans tous les cas je suis partisan d'une pédagogie par le plaisir à chaque étape. Même dans les moments difficiles d'un apprentissage (phase plateau par exemple), je suis convaincu qu'il y a une manière de rendre les choses intéressantes, ludiques, motivantes. Car c'est le plaisir et la motivation qui font avancer, n'est-ce pas ?

Dans ce cadre, c'est vrai qu'il est intéressant de se pencher sur les stratégies mentales type Visuel=>Auditif=>Kinésthésique=>Auditif. Une musique, c'est une séquence, une suite organisée par un rythme. Alors quelle est la meilleure stratégie pour réussir un Rachmaninov ? Plutôt visuel ? plutot auditif ou kiné ? Ca sera un mélange des 3 dont le dosage diffère pour chacun au niveau de la restitution, mais au niveau de l'apprentissage, il y a certainement une stratégie plus efficace.

Y a-t-il un spécialiste sur le forum ? :D


Tant que je suis dans les interrogations, en voici une belle :
Quelle différence y a-t-il, selon vous, entre la restitution d'une oeuvre, et l'improvisation ? Je suppose que le ressenti est tout à fait différent ?

Amicalement :)

spatzl
10/07/2010, 09h13
Bonjour,

Merci pour vos réponses ! Grâce á vos interrogations je pense commencer à m' y retrouver un peu mieux...

Bon, pour le plaisir: Les 3 ou 4 premiers jours sont trés intéressants. Puis on travaille (rabache) et là, ça l' est beaucoup moins. Puis vient (2mois, 3mois aprés) le jour du concert,et si tout se passe bien, le plaisir est à nouveau là, puissance 10 !!! Et là, c' est vraiment le pied.

Pour ce qui est du plaisir dans la pédagogie, ce n' est pas vraiment un problème. Je sais exactement comment rendre le travail intéressant, et mes élèves le savent bien. En général, je me base sur une dissociation des membres, pour permettre une meilleure perception du corps pendant le jeu. Par exemple: L' étudiant joue la main gauche, le regard reste fixé sur la partition et la main droite bat la mesure. Comme pour du jonglage... Les exercices ne sont pas préétablis, je les invente pendant le cours, en fonction des facilités et difficultés de chaque élève. Les résultats sont bons, voire trés bons, mais j' essaye de raffiner la méthode. En effet, en jouant cet exercice, l' élève doit impérativement se concentrer sur une des trois actions à executer: jouer la main gauche, battre la mesure à droite ou lire les notes... Ce qui implique que deux autres actions sont prises totalement en charge par l' inconscient. Qui s' en tire toujours trés bien. A croire que nous soyons presque tous virtuoses...

Donc pour ce qui est du ludique, mes élèves savent qu' ils ne vont pas s' ennuyer pendant le cours, et tous réagissent de manière trés positive.

Mais si le but de mon cours est de déléguer les fonctions d' exécution à l' inconscient, pourquoi ne pas le faire dès les premières minutes de l' apprentissage, en AH par exemple. Et pourquoi un enfant de 8 ans ou un adulte de 25 ans ne le ferait pas seul (J' ai des élèves de 5ans à 25 ans)? Le but du jeu est qu' un jour l' élève soit indépendant. Donc, il est de mon devoir à mon sens de lui donner les meilleurs outils possible pour atteindre ce but :) (même si c' est économiquement parlant pas top... :rolleyes:)



Dans ce cadre, c'est vrai qu'il est intéressant de se pencher sur les stratégies mentales type Visuel=>Auditif=>Kinésthésique=>Auditif. Une musique, c'est une séquence, une suite organisée par un rythme. Alors quelle est la meilleure stratégie pour réussir un Rachmaninov ? Plutôt visuel ? plutot auditif ou kiné ?

Oui, le Visuel=>Auditif=>Kinésthésique=>Auditif est valable. Mais sur scène.

En travail, se serait plutot du genre Visuel=>Kinésthésique
Non, je n' ai rien oublié. Le nombre de notes á lire, la compréhension de la structure et sa mise en place par des gestes est déjá bien trop compliqué et laisse peu ,trés peu de diponibilité mentales pour au final écouter. C' est hallucinant, mais véridique. Et pas seulement chez moi, mais même chez des pianistes chevronés et réputés. On est tous à la même enseigne... L' auditif vient aprés, quand le kinésthésique fait à peu prés bien son travail. Bon, chez moi, c' est à la troisiéme execution. Chez mes élèves, au bout de 2 semaines. Le retour auditif vient encore aprés coup: on lit une note juste, on joue une fausse note et on n' entend pas encore que les deux informations ne correspondent pas... Ca arrive fréquemment...

La séquence optimale est donc, comme Gaelic l' a déjà écrit:
Visuel=>Auditif=>Kinésthésique=>Auditif (le dernier auditif vérifie que la séquence était valable. pas d' erreurs, dynamique et rythme ok).

Le fait est que dans la pratique, la séquence est plutôt:
Visuel (lis les notes sur la partition) => Vérification visuelle sur le clavier => Kinésthésique + vérification visuelle du kinésthésique => des fois auditif.

Le fait est que les yeux passent leur temps á voyager entre les notes et le clavier, et qu' en vérifiant constamment, ils retirent toute autonomie au kinésthésique... De plus, la mémorisation du morceau est aussi obligatoirement kinésthésique... Donc le visuel, en en faisant trop empèche que l' information soit correctement traitée...

Le élèves, comme les profs sont des gens absolument lambdas: Ils ont trés peu souvent une bonne relation avec leur corps (les ados sont pas mal lottis, aussi) et ils ne font que peu confiance à leur inconscient.

Je suis en ce moment au concours international Bach à Leipzig. Moyenne d' âge, environ 27 ans. Tous les pianistes sont d' un niveau excellent. Sur les 40 candidats que j' ai jusqu' ici entendu, seulement 3 ou 4 étaient dans la séquence Visuel=>Auditif=>Kinésthésique=>Auditif. Les autres souffrent... Non pas qu' ils soient moins bons ou moins doués, mais la confiance en ses capacités n' est pas là, ou du moins pas à 100% (et même si c' est 90%, on sent vraiment la différence...)


Bonjour Olivier, pourquoi ne pas utiliser les accès oculaires pour faciliter la mémorisation, comme les travaux de la PNL en pédagogie l'on démontré?

Autre idée, un stage d'hypno-lecture avec Cédric.
L'objectif pourrait être dans un premier temps, la mémorisation de la partition complète en demandant à l'IC d'établir toutes les connexions nécessaires pour jouer cette partition.

Merci pour ces idées. Je ne connais pas les accés oculaire :( Et j' ignorais (même si je m' en doutais un peu) qu' il existait des techniques d' hypno-lecture. En tout cas, le processus est semblable au taichi, c' est vrai


Quelle différence y a-t-il, selon vous, entre la restitution d'une oeuvre, et l'improvisation ? Je suppose que le ressenti est tout à fait différent ?

De quelle improvisation est il question? Les musiciens de jazz passent leur temps à se faire des bibliothèques de standards, d' enchainements d'accords, ge gammes (enfin, modes) de manière à restituer ça en impro. Du patchwork, en somme. Attention, c' est un travail monstrueux, et je l' estime énormément. En plus, j' adore le jazz. Mais la place laissée au hasard est quasiment nulle .

L' improvisation libre se rapproche de l' état ressenti en AH. L' inconscient dirige le kinésthésique et l' on est son propre spectateur. Ceci dit, c' est le but atteint ( et à atteindre) lorsque l' on joue en concert un morceau composé , si on l' a bien préparé. En somme le but est d' improviser une partition écrite. Le naturel est alors garanti et l' interprétation unique (demain, je me sens autrement, donc l' interprétation sera autre )

Encore merci pour votre interêt !! :)

Olivier

Gaelic
10/07/2010, 14h47
Merci Olivier pour cet échange de plus en plus passionnant :)

Je vois que nos idées sur la pédagogie se rejoignent donc rien à rajouter à ce que vous avez dit ;)

Les accès visuels dont parle Couchetard correspondent au fait que lorsque le cerveau veut accéder à une information, il utilise un mouvement des yeux dans une direction particulière.
Par exemple, pour un droitier, le Visuel remémoré (souvenir, passé, connu, ...) se trouve en haut à gauche, tandis que le Visuel construit (futur, imaginé, extrapolé,...) se trouve en haut à droite. L'auditif est en centre (remémoré à gauche et construit à droite), le kinésthésique est en bas à gauche (il n'est pas construit mais constaté), et le dialogue intérieur en bas à droite (il est construit et se rapproche de l'auditif construit, sauf qu'il est lié à un monologue intérieur => feedback conscient/inconscient).

Par conséquent, pour apprendre à une personne à utiliser la stratégie Visuel=>Auditif=>Kinésthésique=>Auditif, il faut le forcer à regarder en haut, au milieu, en bas, puis au milieu. Cela facilite l'accès aux information et c'est une manière d'apprendre à l'inconscient une nouvelle séquence, une nouvelle stratégie.

Si le domaine vous intéresse, je vous recommande le livre "apprendre à apprendre avec la pnl" qui détaille le sujet.


Par rapport à l'improvisation, je n'ai pas fait de recherche comparative entre restitution type classique et impro type jazz, mais ca serait vraiment intéressant.
En fait, un musicien en parfait état d'improvisation est dans un état mental qu'on appelle le flow ou "flot" : conscient et inconscient sont unis dans un état d'harmonie et de fluidité, permettant à la personne d'utiliser à plein escient ses compétences, sa créativité, et toutes ses ressources utiles à l'instant. Je pense qu'en restitution c'est le même état : on maitrise l'action à mener mais on est quand même au bord, à la limite entre ce qui nous est possible et ce qui nous est impossible. La juste difficulté.
Pour plus d'infos sur le flow, il y a le lire de Mihaly Csikszentmihalyi : Vivre la psychologie du bonheur.

LENA
11/07/2010, 23h40
Par conséquent, pour apprendre à une personne à utiliser la stratégie Visuel=>Auditif=>Kinésthésique=>Auditif, il faut le forcer à regarder en haut, au milieu, en bas, puis au milieu. Cela facilite l'accès aux information et c'est une manière d'apprendre à l'inconscient une nouvelle séquence, une nouvelle stratégie.
difficulté.

Bonsoir tout le monde... Débat passionnant en effet !! :)

Spazl explique que justement, la réalité est plutôt Visuel (partition) kinesthésique (vérification sur le clavier)... vérification visuelle du kinesthésique... et PARFOIS... auditif..

Pourtant, si ma mémoire ne me joue pas des tours et pour m'être déjà "amusée" à calibrer un pianiste en concert... Il me semble bien qu'il parvenait à avoir la parfaite équation dans ses mouvements oculaires à savoir : VISUEL partition, bref "arrêt" des yeux au centre (donc, concentré quelques micro secondes sur l'AUDITIF, un petit plongeon vers le bas donc, sur vérif. KINESTHESIQUE, et retour VISUEL partition puis à nouveau bref vérif. AUDITIVE...

En fait, sur le moment, le résultat de la calibration m'avait parue tout à fait NORMALE et comme "coulant de source"... Mais visiblement, d'après ce que décrit Spazl, ce pianiste qui paraissait tellement à l'aise parvenait (volontairement ou pas d'ailleurs) à appliquer "LA" méthode qui marche... ;)

Comment en était il arrivé là... pas la moindre idée of course, mais il le faisait... et cerise sur le gâteau... il semblait prendre beaucoup de PLAISIR... ;)

Claude
12/07/2010, 14h27
Ma question serait de savoir comment transmettre tout ça à un enfant de 6 ans, par exemple. Serait il mieux que je l' initie à l' AH ou au contraire que je pratique une hypnose pour qu' il assimile le processus ? Et si c' est le cas, est il bon d' hypnotiser dans une langue qui n' est pas maternelle (je parle bien allemand, mais je continue à faire des fautes de genre sur des mots peu courants...). En bref, pour moi, ça commence à marcher, mais comment transmettre tout ça à mes étudiants ?


Bonjour Olivier,

Sans rien enlever à toutes les excellentes autres contributions, je voudrais ajouter ceci :

Chacun de vos "étudiants" est unique.

Il n'y a donc aucune raison objective pour que la méthode appliquée avec efficacité à l'un corresponde (pour une même efficacité) à l'autre.

je remarque dans vos écrits une fréquente généralisation (le "on") ce qui ne facilite pas justement la prise en compte des différences entre les individus. N'est-ce pas ?

J'ai eu à aider des athlètes de très haut niveau. Est-ce que j'ai fais pareil pour chacun d'entre eux ? La réponse est évidemment non.

Pourtant, cet apprentissage que vous dispensez à vos élèves me fait penser à ce que je fais parfois avec les sportifs. Votre question initiale comporte en elle même la suggestion qu'il doit être possible de développer une méthode disons ... universelle...

Hummm !!! Ne serait-ce pas une croyance ?

Et si par exemple, juste un instant, vous pensiez autrement ?

Une fois toutes les peurs et stress et autres inhibitions enlevés (peut-être avec l'aide d'un thérapeute ? ) par exemple pour telle personne, ne dois-je pas d'abord faire en sorte qu'elle ait confiance en ses possibilités...

Pour telle autre, ne dois-je pas l'aider d'abord à ce qu'elle croit que c'est possible d'avoir beaucoup de plaisir à ressentir comment c'est intéressant de progresser à sa propre vitesse, comme si c'était même de plus en plus jouissif de répéter jusqu'à la perfection... et d'automatiser tout çà ?

Et pour telle autre, quelle stratégie dois-je développer pour lui correspondre... pour qu'elle prenne du plaisir à apprendre vite et bien en ayant confiance dans le fait qu'une partie inconsciente d'elle est bien capable d'utiliser naturellement, même sans y penser, l'intégralité de toutes ses ressources ?

A votre réflexion Olivier et bien cordialement.

Claude

PS,

Je suis évidemment pour l'apprentissage et l'utilisation de l'AH même pour des enfants pour autant qu'au préalable, les angoisses et les stress limitant aient fait place à de la confiance... (les angoisses et stress dont il est question n'ont pas forcément un rapport avec l'apprentissage concerné)

spatzl
12/07/2010, 17h07
Bonjour à tous !

Merci pour vos réponses constructives et encourageantes!





Chacun de vos "étudiants" est unique.

Il n'y a donc aucune raison objective pour que la méthode appliquée avec efficacité à l'un corresponde (pour une même efficacité) à l'autre.

je remarque dans vos écrits une fréquente généralisation (le "on") ce qui ne facilite pas justement la prise en compte des différences entre les individus. N'est-ce pas ?



Je vous remercie, Claude, pour cette remarque, qui m' était pourtant tellement évidente: Bien évidemment, je module mes cours en fonction de la personnalité de chaque élève. Une élève réagit aux images. Mon discours est alors métaphorique, afin qu' elle puisse mieux se représenter la musique. Tel autre fonctionne mieux avec des explications cartésiennes et logiques. Je module le discours, les gestes, le ton de la voix, afin d' être le plus possible en osmose avec le profil d' apprentissage de l' élève. j' attache énormément d' importance à ce que mes élèves se sentent en confiance avec moi, et avec mon travail.
De plus, le simple fait que chaque main est unique implique de trouver des solutions adaptées à chacun. C' est ce qui fait que ce travail est passionnant !

Je me rends compte que le travail à fournir est du coté de la confiance qu' ont les élèves en eux, et en leur capacité. Le juge intérieur est bien trop présent et empêche que l' inconscient assume sa part du travail. Et comme vous le disiez si bien, il faudrait d' abord enlever les peurs, stress et inhibitions... Afin de laisser le champ libre pour un travail individuel et constructif. Et c' était, je pense, ce que je voulais atteindre par l' autohypnose.

En même temps, le système dans les écoles de musique et conservatoires est basé sur 1)un concours d' entrée 2) des examens quasiment chaque année. La confiance en soi est donc remise en question trés régulièrement, et si un enfant fait une mauvaise expérience au cours d' un examen, il est certain que le prochain sera plus difficile, et ainsi de suite, jusqu'a l' arret définitif...
Je ne pense pas que ça soit le but d' un enseignement musical.

Que je vous rassure, le système est le même dans le monde entier :(. Un musicien désirant faire des concerts doit gagner un ou plusieurs concours international, ou il rencontre des personnalités qui doivent fonctionner dans ce système. Une personne sensible n' a que peu de chance face à quelqu' un qui joue sans émotions: sur plus de 3 heures de programme à exécuter par coeur et absolument parfaitement, le candidat "froid" jouera les notes. Le candidat "sentimental" essaiera de donner une signification à ces notes. Il va charger son discours en émotions, qui sont difficilement controlables en situation de stress aigüe... Donc doutes, donc fausses notes, trous de mémoire, etc... Au final, le musicien ne faisant qu' appuyer sur les touches sans comprendre ce qu' il fait est donc le musicien le plus sûr... Et c' est le but d' un concours que de promouvoir des musiciens qui, quoi qu' il arrive ne flanchent jamais. Le public en veut pour son argent, et le standard est imposé par les enregistrements, CD et DVD. Le fait que les enregistrements soient coupés, montés à partir de 20 ou 25 prises différentes n' est pas vraiment explicitement expliqué avec le cd. Le fait est que le public (et les jurys de concours internationaux) a un enregistrement parfait en tête et veut au moins la même chose en concert. Donc il vaut mieux être en acier trempé pour assumer ce travail...

Je pense donc qu' une pédagogie et des techniques de travail plus respectueuses de nous même permettraient de tirer le meilleur de nous même, à savoir notre propre personnalité, avec nos propres facettes et nos propres humeurs. Et c' est le but que j' aimerais que mes élèves atteignent. Les musiciens sensibles ne veulent pas être des machines á reproduire des enregistrements, ils veulent donner une interprétation chaque jour personnelle et unique. C' est, je pense la signification du concert. Et c' est plus respectueux envers le public :)

Au plaisir de vous lire,

Olivier