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Voir la version complète : Conscience, clé de la compréhention du phénomène Hypnose ?



24/02/2006, 05h59
Bonjour ‡ toutes et ‡ tous.
Je m'interesse depuis prËs de dix ans ‡ la PNL, ce qui m'a conduit ‡ Ètudier l'hypnose Ericksonienne, la sÈmantique gÈnÈrale d'Alfred Korzybski, et bien d'autres ouvrages traitant de thËmes analogues. Par ailleurs, je suis passionnÈ par l'ÈsotÈrisme et tout particuliËrement attirÈ par tout ce qui constitu une tentative d'explication de ce qu'est la conscience.
Je m'adresse ‡ vous, car mes interrogations sont nombreuses et parceque ce genre de sujet particuliËrement instable rebute les non-spÈcialistes. La problematique est bien claire dans mon esprit, mais je ne sais pas trËs bien par quel bout l'aborder pour la formuler clairement et intelligiblement. Veuillez excuser par consÈquent, la relative longueur de mon dÈveloppement.

Un des aspects de l'hypnose qui retient tout particuliËrement mon attention, est que l'ensemble des pratiques rÈunies sous ce terme gÈnÈrique, semble Èvoluer au rythme de la connaissance que nous en avons. L'idÈe que le patient se fait de ce qu'est l'hypnose, tout comme l'acceptation qu'en a le praticien, influent sur les rÈsultats obtenus et observÈs. Ma premiËre reaction est donc de me demander si nous ne limitons pas nous mÍme les possibilitÈs de l'hypnose, ‡ cause d'une conception restreinte de ce que sont ses principes.

Par ailleurs, l'Ètude du phÈnomËne hypnotique renvoit forcÈment ‡ l'Ètude de ce qu'est la conscience. Ainsi les spÈcialistes ont introduit l'idÈe d'Ètats de conscience modifiÈs, pour dÈcrire entre autre, les diverses transes produites par les procÈdÈs hypnotiques. Mais dÈfinir ces transes par la notion d'Ètats de conscience modifiÈs n'est-il pas trompeur, en ce que cela donne l'impression qu'ordinairement la conscience est stable ? Pour ma part, j'observe que ma conscience n'est jamais Ègale ‡ elle-mÍme. Elle est au contraire en perpÈtuel mouvement, et soumis en permanence ‡ la pression du monde et aux remous de ma rÈalitÈ interne. La premiËre question ‡ se poser pour aborder l'hypnose, n'est-elle donc pas : "qu'est ce que la conscience ?"

Mais l‡ encore, nous trouvons un terme polysÈmique, imprÈcis dans ce qu'il est sensÈ dÈcrire, et dont l'acceptation varie d'un extrËme ‡ l'autre selon les individus. Un shaman vous dira par exemple que la matiËre possËde une forme de conscience qui lui est propre, et que l'univers dans son ensemble est vivant tout en Ètant le rÈceptacle d'un type de conscience qui dÈpasse notre entendement humain. Cette vision se dÈfend, et plutÙt que de la rejeter comme une vulgaire croyance primitive, je prÈfËre y voir la conception shamanique de ce qu'est la conscience. A l'opposÈ, Julian Jaynes nous donne une dÈfinition trËs prÈcise et particuliËrement restreinte de la conscience, qui serait selon lui, la facultÈ de pouvoir rÈflechir ‡ propos de notre perception et de nos propres processus mentaux. Ces deux version qui semblent inconciliables, je prÈfËre pour ma part les associer, et y voir deux aspects particuliers d'un objet global qui serait la conscience dans toute sa complexitÈ.

Bien entendu, la version scientifique de Jaynes peut parraÓtre plus exacte, elle se conforme d'ailleurs aux divers dÈfinitions que nous pourrons trouver dans les dictionnaires. Cependant, pour trËs intÈressante qu'elle soit, je la trouve pour ma part rÈductrice et symptomatique de l'Ètat d'esprit gÈnÈral dans lequel se trouvent nos contemporains modernes. C'est cette erreure fondamentale dans la conception mÍme de ce qu'est la conscience, qui constitue ‡ mon avis notre principale difficultÈ ‡ aborder la rÈalitÈ du phÈnomËne hypnotique.

Faute de temps, je remet ‡ plus tard la suite de cet exposÈ, qui succitera je l'espËre, rÈactions et rÈflexions de votre part.

Cordialement,

Oromasus

Nicolas Kent
24/02/2006, 10h27
TrËs interessant !!

Je ne sais pas encore trop quoi ni comment commenter, je vais y rÈflÈchir.

Merci de ton exposÈ !! :D

Pode
24/02/2006, 13h30
Pour continuer la recherche (le dÈbat ? il n'y a pas vraiment de questions posÈes:)), on peut aussi voir la conscience de 2 maniËres : une philosophique (ou thÈologique) et l'autre mÈcanisciste.

La premiËre vision donne une conscience immanente, issue de quelque chose de transcendant, et qu'on ne peut alors par cerner.

La deuxiËme vision explique la conscience comme un phÈnomËne Èmergent, issue du fonctionnement et de l'activitÈ neurologique du cerveau.

Quelques ÈlÈments pour poser et lancer des questions : la conscience est indÈpendante de la maÓtrise du langage ; dans ‡ peu prËs 40 ans, on pourra fabriquer des puces qui auront autant de puissance de calcul qu'un cerveau (en comptant le nombre de connections neuronales moyen dans un cerveau humain)..;

oromasus
24/02/2006, 20h03
La premiËre vision donne une conscience immanente, issue de quelque chose de transcendant, et qu'on ne peut alors par cerner.

La deuxiËme vision explique la conscience comme un phÈnomËne Èmergent, issue du fonctionnement et de l'activitÈ neurologique du cerveau.


La premiËre vision correspondrait en effet ‡ l'exemple de la "conscience shamanique", la deuxiËme se rapporterait ‡ la dÈfinition de Jaynes qui Ètudia la conscience en laboratoir. Mais pourquoi vouloir toujours tout fractionner ? Les deux visions ne sont-elles dÈfinitivement pas conciliables ?

Il est bien Èvident que la conscience animale s'est forgÈe en rÈaction par rapport ‡ l'environnement. Sans lumiËre par exemple, nous ne nous serions pas dotÈ de capteurs photo-sensibles, et nous ne serions par consequent pas conscient de la dimention visible de notre monde. Il est donc exacte de dire que notre conscience est issue de quelque chose de transcendant, et cette chose est l'univers dans sa dimention spatio-temporelle. Notre conscience porte donc en elle, la mÈmoire de milliards d'annÈes d'Èvolution.

Par ailleurs, il est tout ‡ fait exacte de dire aussi qu'elle est le produit de l'activitÈ chimique de nos cellules nerveuses. Les recherches en neurologie permettent aujourd'hui de se faire une idÈe de plus en plus prÈcise de ce fonctionnement complexe.

Y a t'il une quelconque raison qui justifierait de rejeter l'une des deux propositions au profit de l'autre ?

oromasus
25/02/2006, 10h26
Bonjour ‡ toutes et ‡ tous.
Permettez moi de poursuivre mon exposÈ, et merci d'hors et dÈj‡ ‡ Nicolas Kent et ‡ Pode qui ont bien voulu me rÈpondre. :)

Nous pouvons saisir le monde, raisonner et communiquer ‡ son propos, parce que nous possÈdons le vocabulaire adaptÈ pour le faire. Hors, dans le cas de la conscience, et plus encore dans celui de l'hypnose, nous nous trouvons face ‡ des termes dont les frontiËres sÈmantiques sont pour le moins instables et mal dÈfinies. Il va falloir encore beaucoup d'interrogations, et de nombreuses recherches techniques de la part des spÈcialistes, pour que ces notions soient clairement comprises par le grand public. Pour le moment, il semblerait donc que ce que nous appelons conscience soit composÈ d'un ensemble complexe de paramËtres distincts les uns des autres, mais que nous regroupons globalement sous le terme de conscience ‡ dÈfaut de pouvoir discerner prÈcisÈment ces diffÈrentes composantes.

La premiËre Èvidence est que la conscience est intimement liÈe ‡ la perception. L'Èvolution a dotÈe les animaux de capteurs sensibles qui constituent nos sens, mais ce n'est pas tout. Il a fallu dans un mÍme temps, que ces animaux puissent faire le tri dans le chaos perceptuel auquel ils Ètaient soumis en permanence, et cela pour des raisons adaptatives fort Èvidentes. Ainsi, parmi les innombrables appels d'insectes d'un biotope particulier, tel individu isolera le rythme, la tessiture, et la tonalitÈ propre ‡ son espËce. C'est ‡ ce niveau que commence ‡ mon avis la premiËre distinction entre l'inconscient, jĂ*entend la somme des informations accessibles et perÁues par un individu ‡ un instant prÈcis, et ce qui va dÈsormais constituer le conscient, c'est-‡-dire les ÈlÈments du champs de perception que cet individu ‡ choisit de mettre en valeur. Remarquons au passage que pour l'homme, ces informations peuvent tout aussi bien provenir de notre rÈalitÈ intÈrieure, sentiments, Èmotions, pensÈes, que du monde environnant. Cette prÈcision n'est pas nÈgligeable, et le mot inconscient est d'ailleurs souvent employÈ pour dÈsigner exclusivement le potentiel intÈrieur inexploitÈ.
Serait-il abusif d'avancer ‡ partir de ce constat, que certains ÈlÈments du monde acquiËrent dËs lors le pouvoir de modifier plus ou moins profondÈment notre Ètat d'esprit, et que ce phÈnomËne d'attirance/rÈpulsion constitue dÈj‡ ce que l'on pourrait appeler du magnÈtisme ?

A partir des oiseaux et des mammifËres, l'apparition du cortex cÈrÈbral amplifie ce phÈnomËne d'ÈcrÈmage et de traitement interne de l'information, avec la crÈation des premiers concepts. Les rÈactions instinctives primaires se doublent dÈsormais de nouveaux degrÈs d'abstraction, et le filtre perceptif se complexifie ‡ mesure que la conscience du monde extÈrieur se fait de plus en plus indirecte. En quelque sorte, la part de perception que nous qualifions de consciente, s'attache dÈsormais ‡ certaines Èmanations bien spÈcifiques du monde, et se laisse de plus en plus impressionner par le feed back interne propre au mental naissant de l'animal.
C'est dans la logique mÍme de ce grand mouvement Èvolutif, que l'Ítre humain s'entoure progressivement d'outils spÈcialisÈs, et cela ‡ mesure mÍme qu'il dÈveloppe un langage parlÈ complexe.

Avec le dÈveloppement de la parole et de lĂ*outil, je pense que le mental a atteint une consistance excessive pour la constitution animale de lĂ*homme. Il a de ce fait dÈpassÈ un point critique en ce quĂ*il sĂ*est progressivement individualisÈ, et quĂ*il a commencÈ ‡ acquÈrir une existence propre et distincte par rapport au reste du psychisme. La distinction entre conscient et inconscient sĂ*est de se fait largement accentuÈe.
Pour gagner en prÈcision et en efficacitÈ, la sphËre consciente a encore d˚t se rÈduire et se spÈcialiser, laissant de ce fait une plus grande place ‡ lĂ*inconscient. L‡ o˘ les premiers mammifËres avaient certainement compensÈ ce dÈsavantage en inventant le sommeil paradoxal, je pense que les premiers hommes ont d˚t avoir recours ‡ la religion pour passer un nouveau cap, et jĂ*avancerais mÍme que celle-ci sĂ*est dËs le dÈbut appuyÈe sur les caractÈristiques magnÈtiques du monde. Peut Ítre mÍme dĂ*ailleurs pouvons nous dÈj‡ parler dĂ*hypnose, en ce que le magnÈtisme naturel f˚t dËs lors reproduit volontairement par les humains eux mÍme, et cela dans le but de garder vivant le lien de communication entre le mental de lĂ*homme et son inconscient animal.

Ce que jĂ*avance l‡ nĂ*engage que moi bien s˚r. Je ne prÈtends pas que tout ce que jĂ*Ècris est vrai, mais ces idÈes me trottent dans la tÍte sans que je puisse les partager, et les soumettre ‡ la rÈflexion de spÈcialistes me parait encore Ítre la dÈmarche la plus saine et la plus constructive.
Je tiens ‡ prÈciser cependant que ces quelques conclusions personnelles sont le fruit dĂ*Ètudes sÈrieuses, rÈalisÈes depuis prËs de dix ans ‡ partir de documents tant scientifiques que philosophiques. Je nĂ*appartiens ‡ aucune Ècole de pensÈe, je ne dÈfend pas de point de vu partisan, mon but Ètant tout comme vous je pense, de mettre en place des systËmes et des pratiques thÈrapeutiques efficaces pour venir en aide ‡ mes contemporains qui le demandent.

Je vous ferais part de la fin de ma rÈflexion plus tard, car il est dÈj‡ tard (ou tÙt, cĂ*est une question de point de vu :lol: ), et je vais prendre un peu de repos.
Merci en tout cas pour votre attention, et par avance pour vos remarques constructives.

Oromasus

Pode
25/02/2006, 12h55
Je pense que vous avez raison en expliquant que la conscience se batirait ‡ partir de l'expÈrience.

Pour ma part, je trouve que l'explication suivante me convient : l'insconscient serait la 'partie' du cerveau issue de tout ce qui est sensoriel. La conscience est un effet de bord de cette premiËre facultÈ, avec notamment la capacitÈ de se 'savoir rÈflÈchir' (la conscience qui boucle sur elle-mÍme) - je pense que ce dernier effet de bord provient de l'intÈgration du langage dans les processus cognitifs (en effet, pour beaucoup de personnes, c'est trËs de rÈflÈchir et de raisonner sans utiliser de mots et de constructions langagiËre).
Je pense d'ailleurs que le langage n'est pas obligatoire pour avoir une conscience et pour faire des raisonnements "complexes".

Enfin, oromasus, si je peux vous conseiller un livre : On Intelligence de Jeff Hawkins (le patron de Palm Computings, la boÓte qui commercialise les Palm, les PDAs qu'on rencontre partout). C'est une compilation de recherche sur le fonctionnement du cerveau au niveau physiologique pour comprendre et dÈcouper le monde en "patterns", qui est trËs intÈressants (mÍme pour des non-scientifiques, je pense).

oromasus
26/02/2006, 02h50
Je pense d'ailleurs que le langage n'est pas obligatoire pour avoir une conscience et pour faire des raisonnements "complexes".
J'aurais mÍme tendance ‡ penser que la pensÈe raisonnante, qui fonctionne ‡ partir des structures du langage, donne une impression de complexitÈ alors qu'elle ne fait que dÈcouper les cheveux en quatre et qu'elle tourne en fait sur elle mÍme. Certains Ètats hypnotiques montrent d'ailleurs ‡ quel point la pensÈe gagne en profondeur et en souplesse, dËs lors que la fine pellicule de la conscience raisonnante est dÈsactivÈe.
Il s'agit l‡ d'ailleurs de l'objectif visÈ par la plupart des exercices de relaxation et de mÈditation transcendantale.


l'insconscient serait la 'partie' du cerveau issue de tout ce qui est sensoriel. La conscience est un effet de bord de cette premiËre facultÈ, avec notamment la capacitÈ de se 'savoir rÈflÈchir'
C'est en effet la dÈfinition qu'en donne Julian Jaynes. Il avance que cette facultÈ est rÈcente, elle se serait dÈveloppÈe aux allentours du premier sciËcle avant J - C, et serait en quelque sorte la prise de conscience par l'humain de sa propre conscience. "la conscience qui boucle sur elle-mÍme", comme vous le dites si bien.


Enfin, oromasus, si je peux vous conseiller un livre : On Intelligence de Jeff Hawkins
Pour ceux que Áa interesse, Voil‡ un lien o˘ vous pourrez trouver un rÈsumÈ de cet ouvrage : http://www.automatesintelligents.com/biblionet/2005/sept/hawkins.html

Tout comme pour Jaynes, je commencerais par souligner l'intÈrÍt de cette Ètude, mais tout de suite aprËs, je remarque qu'elle aspire ‡ donner un modËle global en ne se fondant exclusivement que sur l'Ètude du nÈo-cortex. Cette thËse est clairement matÈrialiste, elle ne dÈcrit que l'aspect physique, et met bien en valeur cette facultÈ que nous avons d'ignorer de grands pans de la rÈalitÈ, au profit d'un petit champ perceptif choisi. Que deviennent les sentiments, les Èmotions, les rÍves et tout ce qui ne possËde aucune densitÈ physique ?

De ce petit rÈsumÈ, je retient tout particuliËrement cet extrait, qui va dans le sens de mon propos :
"Finalement, on pourra se reprÈsenter l'organisation du cortex comme un modËle du monde acquis par le sujet au fur de son dÈveloppement et tout au long de sa vie. (...) Il s'agit de reprÈsentations du monde et du sujet lui-mÍme qui sont propres ‡ ce dernier. Mais l'auteur rappelle, sans insister suffisamment pensons-nous, que l'architecture de base du cerveau lui a ÈtÈ transmise par l'hÈrÈditÈ. Elle correspond ‡ un modËle du monde acquis non plus par l'individu mais par l'espËce au cours de son Èvolution darwinienne. Les cortex des dauphins ne sont pas analogues ‡ ceux des humains car ces espËces vivent dans des mondes diffÈrents. Nous dirions presque, en nous appuyant sur l'hypothËse constructiviste, sur laquelle nous reviendrons, qu'elles ont construit des mondes diffÈrents."

Cette derniËre phrase tout particuliËrement, ÈnoncÈe du bout des lËvres, est ‡ mon avis la clÈ de la comprÈhention de ce qu'est la conscience. Il y a un monde objectif, mais l'Èvolution de notre espËce premiËrement, puis notre Èvolution personnelle, font que nous vivons dans un monde subjectif, et que ce monde ne vaut que pour nous. Et encore... Selon mes Ètats d'‚me, je m'apperÁois que mon monde change en permanence. Ce qui me permet de lui confÈrer une relative stabilitÈ, c'est que les modifications sont minimes au regard de ce qui perdure, et surtout le fait que l'on m'a apris que le monde Ètait indÈpendant de moi et qu'il Ètait constant et Ègal ‡ lui mÍme.

Cordialement,

Oromasus

oromasus
26/02/2006, 09h22
Bonjour ‡ toutes et ‡ tous.
Comme jĂ*Ècris ‡ chaque fois de longs posts, jĂ*espËre quĂ*il reste encore quelques courageux pour prendre le temps de me lire. A ce propos, encore merci ‡ Pode pour ses rÈactions intÈressantes et constructives.
Pour ne pas abuser et aller ‡ lĂ*essentiel, je me lance dans une dÈfinition toute personnelle de ce quĂ*est la conscience. A partir de l‡, je pense quĂ*il sera possible de proposer une thÈorie capable dĂ*Èclairer le phÈnomËne hypnotique.

O˘ commence la conscience et o˘ sĂ*arrÍte t-elle ? CĂ*est un peu comme se poser la question de savoir o˘ commence le blanc et o˘ sĂ*arrÍte le noir, que faire si nous nĂ*avons pas de mot pour dÈcrire le gris ? Face ‡ du gris, les disputes iront alors bon train : ÂŽ CĂ*est du noir ! _ Non, tu vois bien que cĂ*est du blanc ! _ TĂ*es miraud ou quoi, cĂ*est bien du noir Áa, le blancÖ cĂ*est blanc ! ÂȘ etcÖ

Je propose donc une conception globale de ce quĂ*est la conscience, qui aura pour avantage de rÈconcilier pas mal de monde, et de mettre un peu dĂ*ordre dans nos esprits.
Je part donc du principe que tout est conscience, du moins cela est-il vrai en puissance. Pour mettre en valeur cette conscience, il faut des formes de vie capables de la capter. Mais un organisme, aussi complexe soit-il, est forcÈment limitÈ, et il ne pourra percevoir quĂ*une portion extrÍmement rÈduite de cette conscience globale. DËs lors, cette petite portion devient sa conscience propre. Elle nĂ*est pas LA conscience, mais SA conscience toute relative.
Selon cette proposition, le monde est donc conscience. Cette derniËre dĂ*ailleurs ne peut pas exister sans lui, et cĂ*est par la perception particuliËre quĂ*il a du monde, que lĂ*organisme devient conscient. Ce que jĂ*appelle conscience effective, par opposition ‡ la conscience en puissance contenue dans tout, nĂ*est donc en fait que cette facultÈ que les diverses formes de vie ont, de percevoir et de mettre en valeur certains aspects du monde.

Cette dÈfinition globale de la conscience va ‡ lĂ*encontre des dÈfinitions admises, pour qui la conscience sĂ*oppose ‡ lĂ*inconscient, et reprÈsente la facultÈ propre ‡ lĂ*homme, de rÈflÈchir sur sa propre condition. Mais est-il vraiment justifiÈ de refuser la conscience ‡ lĂ*enfant en bas age, sous prÈtexte quĂ*il ne dispose pas des outils linguistiques adaptÈs pour raisonner sur sa propre facultÈ de conscience ? Et il faut bien admettre Ègalement, que ce qui participait de lĂ*inconscient il y a un instant, peut sĂ*Èclairer dĂ*un coup et devenir conscient prÈsentement. Il ne sĂ*agirait donc pas de confondre la raison et lĂ*attention, avec ce qui constitue vÈritablement la conscience.

Pour y voir plus clair, je propose de repartir du postula que tout est conscience. DËs lors, je peux commencer par distinguer, et cela pour chaque type dĂ*organismes, ce qui peut Ítre perÁu de ce qui ne peut pas lĂ*Ítre. Il y a donc dĂ*un cotÈ lĂ*inconnaissable, qui reste pour une espËce particuliËre, de la conscience en puissance (rien ne dit quĂ*elle ne dÈveloppera pas certaines facultÈs perceptives nouvelles dans un avenir plus ou moins proche), et de lĂ*autre ce qui peut Ítre perÁu et constitue le potentiel conscient. Ce potentiel conscient propre ‡ chaque espËce peut Ítre ‡ son tour sÈparÈ en trois portions.
1) La conscience effective, jĂ*entends la portion minuscule de conscience globale, quĂ*un organisme active ou perÁoit dans lĂ*instant.
2) LĂ*inconscient, la part de conscience que lĂ*organisme ‡ dÈj‡ perÁu au cours de son existence, et celle qu'il est capable de rÈactiver ‡ tout moment, sans que cela soit le cas dans lĂ*instant.
3) LĂ*inconnu, ce que lĂ*organisme est capable de percevoir, mais sans jamais lĂ*avoir fait.

Ce matin je me suis ÈveillÈ avec lĂ*esprit particuliËrement clair et lÈger. Dans les transports, le sourire me venait spontanÈment et je remarquais avec Èmerveillement, que les gens autour de moi Ètaient tous beaux. La lumiËre tout particuliËrement Ètait diffÈrente ! Il y a des matins comme ÁaÖ
Quand je pense quĂ*hier encore, mes pensÈes Ètaient maussades au possible, et que jĂ*aurais volontiers mis mon point dans la gueule au premier malotru, qui aurait osÈ me bousculer dans la rame de mÈtro.



Pour finir, il faut clarifier la notion dĂ*Ètats de conscience, et expliquer ce que sont les Ètats de conscience modifiÈs. Cela est loin dĂ*Ítre Èvident en raison de la grande confusion qui entoure ces concepts, et des fausses croyances que nous nourrissons ‡ propos de ce quĂ*est la conscience.

Parmi lĂ*ensemble du potentiel conscient que possËde un organisme, nous avons vu que celui-ci choisissait dĂ*en mettre en valeur certains aspects seulement. Hors lĂ*attention, la facultÈ qui permet cet ÈcrÈmage, ne peut isoler quĂ*un champ rÈduit dĂ*Èmanations du monde dans un mÍme temps. En ce qui concerne les animaux complexes tels que les mammifËres, le renforcement de cette attention, leur confËre une plus grande efficacitÈ dĂ*adaptation, mais les oblige en retour, ‡ modifier en permanence la minuscule portion de conscience globale quĂ*ils isolent ‡ chaque instant. Ces changements de focales plus ou moins resserrÈes selon les besoins, et la variÈtÈ des objets sur lesquels se porte lĂ*attention, sont autant de variations et de modifications dans lĂ*Ètat de conscience de cet animal.

LĂ*Ítre humain quand ‡ lui sollicite une grande part de cette facultÈ dĂ*attention, au service de manipulations techniques telles que la confection et l'utilisation des outils, mais surtout par l'usage de la communication verbale et de la pensÈe discursive. En fait, le langage et la raison qui lui est associÈe, rÈduisent encore le champ de notre conscience effective, celle que rassemble notre attention, qui dËs lors se condense et gagne en intensitÈ. La concentration et lĂ*Èclat qui en rÈsulte, nous donnent lĂ*illusion quĂ*il sĂ*agit l‡ vÈritablement de la conscience, alors quĂ*il ne sĂ*agit vraisemblablement que du reflet de son action sur nous. LĂ*homme moderne en vient progressivement ‡ considÈrer sa description du monde comme Ètant la rÈalitÈ, et lĂ*Ètat de conscience particulier qui peut rÈflÈchir le moi, ce que nous appelons lĂ*Ego, tend ‡ prendre son indÈpendance et ‡ nous faire croire que nous nous rÈsumons ‡ lui. DĂ*o˘ la croyance communÈment admise, que nous fonctionnons ‡ partir dĂ*un Ètat de conscience unique, qui est lĂ*Ètat de raison, et que tout les autres Ètats de conscience que nous pouvons observer, sont de ce fait, des Ètats de conscience modifiÈs par rapport ‡ cet Ètat Ètalon.

Cette tendance largement rÈpandue, est ‡ mon avis une des consÈquences majeure dĂ*un grand nombre de troubles psychologiques, que nous trouvons actuellement chez lĂ*homme moderne. Cet Ètat de conscience rÈcent dans l'histoire de l'homme, mais que nous considÈrons par dessus tout comme normal et naturel, nĂ*est en fait quĂ*un Ètat parmi beaucoup dĂ*autres possible. Il a cependant la particularitÈ remarquable dĂ*offrir une continuitÈ linÈaire logique, ce qui nous en facilite la remÈmoration. Cette propriÈtÈ mnÈsique attachÈe aux divers Ètats de conscience, est d'ailleurs rÈellement fascinante. Elle expliquerait notamment le fonctionnement des traumatismes, et lĂ*amnÈsie qui accompagne certaines transes hypnotiques. De l‡ ‡ considÈrer les Ètats modifiÈs de conscience, comme des Ètats habituels dont on ne se souviendrait pas lorsque notre esprit est branchÈ sur le mode rationnel, il nĂ*y ‡ quĂ*un pas que je franchit allËgrement.

Cordialement,

Oromasus

Pode
26/02/2006, 12h07
oromasus> Je me suis intÈressÈ au livre On Intelligence suite uax cours d'Intelligence Artificielle que j'ai pu suivre. C'est vrai que l'auteur du livre propose une version 'neo-cortex' et 'neurones partout', mais ce que j'ai trouvÈ le plus intÈressant, c'est qu'il apportait une nouvelle maniËre de conceptualiser "l'intelligence". Je me suis mÍme mis ‡ programmer un petit programme qui fonctionne par assimilations de "patterns".

Par ma formation, j'ai une vision plus mÈcanisciste ou scientifique de l'approche intelligence, conscience et inconscient.

oromasus
27/02/2006, 01h50
Pode > Oui, j'avais dÈj‡ remarquÈ que cette tendance Ètait importante pour toi. (Je me permet de te tutoyer :) ) Ce doit en effet Ítre passionnant de pouvoir crÈer des programmes qui reproduisent l'intelligence de maniËre synthÈtique. C'est surtout un domaine qui ‡ beaucoup d'avenir, et si tu est bon, tu n'auras pas trop de mal ‡ trouver un travail bien payÈ pour plus tard.

Tu dois certainement connaÓtre "L'Homme neuronal" de Jean-Pierre Changeux. Je ne crois pas quĂ*il parle de patterns, mais ses modËles me font penser ‡ ceux de Jeff Hawkins, du moins tels qu'ils sont prÈsentÈs dans le rÈsumÈ que j'ai pu lire. C'est ‡ dire que les neurones du cortex fonctionnent par groupements, et que chaque groupe de neurones est reliÈ aux autres groupes de la mÍme rÈgion, tant de maniËre verticale, quĂ*horizontale.
En tout cas, la comparaison avec les unitÈs d'infanteries ne me semble pas inconnue. Elle est d'ailleurs tellement lumineuse et bien trouvÈe, que je ne serais pas ÈtonnÈ qu'elle est ÈtÈ reprise par ailleurs.

Mais Hawkins ne considËre que le nÈo-cortex et les six couches horizontales dont celui-ci semble Ítre composÈ. Du coup, la synthÈtisation informatique devient possible en effet. CĂ*est un peu comme si nous commencions ‡ lĂ*envers, en dotant nos machines des strates dĂ*intelligence les plus rÈcentes chez lĂ*homme. Les choses se corsent quand on pÈnËtre un peu plus profondÈment dans le mÈcanisme.
Je pense par exemple ‡ la glande endocrine hypophyse, qui en fonction de lĂ*environnement et de certains stimuli, libÈrera des hormones capables dĂ*atteindre des organes cibles ‡ lĂ*autre bout du corps. Nous entrons alors dans le domaine de lĂ*Èmotion, qui fait intervenir aussi bien le systËme nerveux, que le rÈseau sanguin et les organes internes. Peut-Ítre mÍme devra ont intÈgrer dĂ*autres paramËtres pour modÈliser le fonctionnement Èmotionnel ?

Pour revenir ‡ Hawkins, si j'ai correctement compris son modËle d'intelligence, il repose justement sur lĂ*Èvacuation sÈlective des dÈtails non dÈterminants, ce qui permet ‡ lĂ*animal de crÈer des concepts ‡ partir des ÈlÈments rÈcurrents quĂ*il perÁois dans le monde. En gros, le concept fonctionne un peu comme un thÈorËme, il nous Èpargne dĂ*avoir ‡ refaire lĂ*opÈration entiËre ‡ chaque fois.
Jamais je ne remettrais en cause la puissance et lĂ*avantage extraordinaire de ce type particulier dĂ*intelligence. Cependant, je remarque pour commencer quĂ*elle nÈcessite une grande quantitÈ dĂ*Ènergie, et je pense que dans certains cas elle peut desservir plutÙt quĂ*autre chose.
En clair, il faudrait que lĂ*homme soit capable dĂ*activer cette fonction ponctuellement, et seulement quand il en ‡ besoin, l‡ o˘ il ‡ tendance ‡ sĂ*en servir en permanence pour tout et nĂ*importe quoi. Car tu nĂ*es certainement pas sans savoir que nous pouvons isoler plusieurs types dĂ*intelligences. En quelque sorte, lĂ*homme moderne qui vient dĂ*inventer la raison, est un peu en train de focaliser dessus, pour peaufiner et parfaire sa crÈation. CĂ*est lĂ*impression que lĂ*humanitÈ me donne depuis l'invention du langage et surtout depuis celle de l'Ècriture.

Bref, je mĂ*Ètends encore, bavard que je suis. Moi aussi lĂ*approche mÈcaniciste mĂ*intÈresse beaucoup, mais je suis branchÈ avant tout par ce qui peut dÈboucher sur des pratiques thÈrapeutiques plus efficaces, cela dans le but de soigner les gens qui souffrent, plutÙt que sur lĂ*amÈlioration du confort de ceux qui ont du pognon. CĂ*est viscÈral chez moi, et jĂ*ai tendance ‡ me prendre pour une sorte dĂ*alchimiste ‡ la recherche de la pierre philosophale lol ! Tu tĂ*en seras peut Ítre aperÁu ? :D
Conclusion, il faut de tout pour faire un monde parfait !

Oromasus

Pode
27/02/2006, 10h39
C'est vrai, j'ai une facette "tout analyser". C'est pour cela que pour compenser, les art-martiaux, la danse, la musique (la batterie) permettent de rÈÈquilibrer tout Áa ! :)

Nicolas Kent
01/03/2006, 03h03
C'est juste une petit message "d'encouragement" pour Oromasus pour dire que bien que je ne rÈponde pas a tes messages, je les lie avec beaucoup d'intÈrÍt. :wink:

oromasus
01/03/2006, 15h06
Grand merci Nicolas Kent pour ces encouragements qui me vont droit au coeur.
J'ai ÈtÈ occupÈ ces quelques derniers jours, ce qui explique entre autre mon silence. De plus, les vidÈos du congrËs sur la physique et la conscience, on retenues mon attention cette nuit. Cependant, il est vrai que ne recevant pas de rÈponses, mis ‡ part celles de Pode, je me demandais si mes messages avaient ÈtÈ perÁu positivement par les administrateurs du cite. Me voil‡ rassurÈ ! :D

Je n'ai pas le temps d'Ècrire un nouveau sujet, mais j'ai un vieux post qui se raccorde assez bien avec la fin de mon dernier message. Il s'adressait ‡ un publique plutÙt versÈ dans l'ÈsotÈrisme, d'o˘ le choix du vocabulaire. Le texte qui suit ‡ donc ÈtÈ Ècrit il y a quelques temps, je le reprend tel quel.
Je tenterais un peu plus tard de coucher par Ècrit mes conclusions concernant l'hypnose ‡ proprement parler.

MÈmoires et Ènergies

Il existe un bien curieux rapport entre notre capacitÈ ‡ encrer des mÈmoires dans notre subconscient, et les niveaux ÈnergÈtiques, ou Ètats de conscience dans lesquels nous vivons les ÈvÈnements ‡ mÈmoriser. Un souvenir enregistrÈ par exemple dans un Ètat ÈlevÈ d'intensitÈ, un niveau Èmotionnel inhabituel pour nous, rÈsistera ‡ la remÈmoration lorsque nous aurons rÈintÈgrÈ notre Ètat habituel de conscience. La discipline qui fait rÈfÈrence ‡ cette Ètrange rÈalitÈ humaine, s'appelle la psychologie transpersonnelle ou holistique. Elle intËgre les courants issus de la psychanalyse, du bÈhaviorisme, des philosophies orientales, et rÈactualise le concept de spiritualitÈ dans la science. Voil‡ le thËme que je me propose de dÈvelopper ci-dessous pour les curieux.
Il existe divers niveaux plus ou moins ÈlevÈs de conscience. Plus la frÈquence de l'onde est ÈlevÈe, plus elle donne accËs ‡ une vision large, dÈtachÈe, holistique du monde. Lorsque nous atteignons un de ces niveaux vibratoires ÈlevÈs, nos prÈoccupations quotidiennes se trouvent noyÈes dans un ensemble d'informations beaucoup plus vaste. Ces ÈlÈments de notre vie de tous les jours restent cependant facilement accessibles ‡ notre entendement. En revanche, le souvenir de ces Ètats plus intenses de rÈalitÈ, rÈsiste ‡ la remÈmoration lorsque nous rÈintÈgrons un niveau vibratoire moins ÈlevÈ, par exemple, notre niveau de conscience habituel. Il en rÈsulte une forme d'amnÈsie dont nous n'avons gÈnÈralement pas conscience, mais que nous vivons pourtant quotidiennement.
La hauteur d'un niveau vibratoire est proportionnelle ‡ la charge Èmotionnelle, ou ‡ l'Ènergie produite pour l'atteindre. Atteindre un niveau vibratoire ÈlevÈ, peut se faire volontairement, gr‚ce ‡ l'intention. Cela implique que l'on soit capable d'encaisser la charge ÈnergÈtique qui y correspond. Mais la plus part du temps, nous atteignons des niveaux vibratoires ÈlevÈs de maniËre accidentelle ou fortuites. Un choc psychologique par exemple, produit une violente dÈcharge d'Ènergie, une Èmotion intense, qui modifie automatiquement notre niveau de conscience. Lorsque cela se produit, nous voyons et comprenons tout ce qui se passe, mais lorsque l'Ènergie se dissipe, nous perdons le souvenir de l'expÈrience comme au sortir d'un rÍve. C'est sur ce principe que fonctionnent les traumatismes par exemple.
DËs lors, atteindre un certain niveau vibratoire consciemment, aura pour consÈquence directe de faire ressurgir certaines mÈmoires bloquÈes, et cela sans que nous ayons sus prÈcisÈment avant, que celles-ci existaient. A un niveau que nous pouvons tous expÈrimenter, lorsque nous laissons vagabonder notre pensÈe aprËs une journÈe d'activitÈ, les faits marquants qui nous reviennent ‡ l'esprit ont cette caractÈristique, qu'ils renvoient ‡ une Èmotion, un Èpisode d'intensitÈ dans la continuitÈ de notre journÈe.
Cela expliquerait entre autre, que le traumatisme provoquÈ par une NDE (near death expÈrience) puisse nous libÈrer d'un grand nombre de mÈmoires, et de ce fait, nous donner accËs ‡ un plus haut degrÈ ÈnergÈtique gÈnÈral. D'o˘, les capacitÈs parapsychiques accrues des personnes ayant vÈcu ce genre d'expÈriences. La plupart des procÈdÈs initiatiques n'utilisent t'ils pas d'ailleurs ce symbole de la mort rituelle, pour une renaissance dans une conscience plus vive, plus intense de la rÈalitÈ ?

Oromasus le 25-11-2005 ‡ 02:50

oromasus
09/03/2006, 08h19
Bonjour ‡ toutes et ‡ tous,
Cette fois-ci c'est s˚r, personne n'aura le courage de me lire en entier. :D Je prend quand mÍme le risque de poster ce message en une fois, en espÈrant que votre curiositÈ l'emportera.
D'autant que ma consclusion apporte un regard osÈ sur l'essence de l'hypnose. Du moins j'en ai en tout cas l'impression.

Les scientifiques modernes qui sĂ*occupent de la conscience, la situent dans le cr‚ne sans se poser de question. Ce faisant, ils associent dĂ*office cette facultÈ au cerveau. Mais comme le remarque si bien Julian Jaynes, nĂ*Ètant pas matÈrielle, la conscience nĂ*a de lieu physique que celui quĂ*on veut bien lui donner. CĂ*est comme lĂ*habitude de la dÈfinir tel un espace tridimensionnel o˘ nous pouvons agir, il sĂ*agit l‡ en rÈalitÈ dĂ*une vue de lĂ*esprit, dĂ*une simple mÈtaphore. Les anciens grecques par exemple, la plaÁaient pour leur part dans la poitrine. Puis cĂ*est en lĂ*associant au sens visuel, que progressivement, nous en sommes venu ‡ la situer derriËre les yeux, accentuant dĂ*autant son caractËre spatial. Ces conceptions anciennes, sont si profondÈment ancrÈes en nous, quĂ*il est maintenant difficile dĂ*imaginer que la conscience puisse Ítre autre chose, dĂ*autant que cette croyance est encore renforcÈe, par la dÈcouverte du rÙle fondamental que joue le cerveau dans lĂ*expression de la pensÈe.
CĂ*est ‡ mon avis une erreur fondamentale, qui nous empÍche de prendre le recul nÈcessaire, ‡ la comprÈhension du phÈnomËne dans toute sa complexitÈ. Je vais tenter de donner ici un autre point du vue, qui je lĂ*espËre, aura en outre lĂ*avantage de clarifier notre vision de lĂ*hypnose.

Contrairement aux modËles strictement matÈrialistes, qui font de la conscience une propriÈtÈ exclusive du vivant, voir mÍme un ÈpiphÈnomËne de lĂ*activitÈ Èlectrochimique du cerveau seul, je pars quand ‡ moi du principe, que la conscience Ètait ‡ lĂ*origine, dÈj‡ contenue en puissance dans la matiËre. CĂ*est en mettant certaines propriÈtÈs du monde en valeur, gr‚ce ‡ la perception, que les premiers organismes vivants, rendirent effective cette conscience non encore manifestÈe. Ce postula implique que la conscience soit ‡ la fois dans le monde, mais Ègalement ‡ lĂ*intÈrieur des Ítres vivants. CĂ*est donc en quelque sorte une action rÈciproque, qui permet au phÈnomËne conscient dĂ*Èmerger, thËse que je mĂ*apprÍte ‡ dÈvelopper. Car ce point abstrait est essentiel, pour introduire la notion dĂ*action magnÈtique du monde sur le vivant.

La conscience des origines, est indissociable de lĂ*interaction chimique des premiËres cellules vivantes avec leur environnement. Certains corps, des virus par exemple, on dĂ*ailleurs un statut mal dÈfini entre matiËre et vivant. Il sĂ*opËre nÈanmoins une distinction entre la cellule dĂ*une part, et les ÈlÈments du monde extÈrieur de lĂ*autre, ceux-ci se caractÈrisant par certaines de leurs propriÈtÈs physiques. Ainsi la cellule rÈagit diffÈremment selon quĂ*elle est atteinte par un photon, une onde, ou un corps solide.
La complexification de ce processus, aboutit chez les organismes plus ÈvoluÈs, ‡ un traitement sÈlectif des Èmanations du monde. Certains organes se spÈcialisent, et au terme dĂ*une longue Èvolution, nous aboutissons ‡ la perception sensorielle proprement dite. A partir de l‡, je commence ‡ distinguer plusieurs aspects particuliers de cette sÈlection par les sens. Je pars tout dĂ*abord du potentiel conscient, qui est lĂ*ensemble des ÈlÈments du monde que lĂ*organisme peut percevoir gr‚ce ‡ ses sens, et ensuite, j'en isole la conscience effective, qui est la minuscule portion des Èmanations infinies, quĂ*il met en valeur ‡ un moment donnÈ.
Mais ce n'est pas tout. Progressivement, l'organisme se dote d'une mÈmoire interne. La perception directe se double dÈsormais d'informations qui Èmanent de lui mÍme. Cette fonction, en se complexifiant ‡ son tour, donne ‡ l'organisme la facultÈ de se forger une sorte de reprÈsentation ÈpurÈe du monde. Les dÈtails sont ÈvacuÈs au profit d'une mise en valeur des constantes, ce qui lui permet d'adopter un comportement de plus en plus adaptÈ. La rÈalitÈ externe n'est plus seulement perÁue, elle est rÈflÈchie. Ce rÈservoir de perceptions passÈes, forme en quelque sorte un subconscient, qui s'oppose dËs lors ‡ la conscience effective, tout en nourrissant celle-ci au mÍme titre que le monde extÈrieur.
Avec l'apparition des premiers cerveaux munis d'un cortex, les animaux acquiËrent enfin la facultÈ de gÈnÈrer des formes mentales, et de les percevoir comme ils perÁoivent les formes extÈrieures. Ce nouveau degrÈ de rÈalitÈ, devient alors quasiment indÈpendant du monde environnant, mÍme s'il en est le lointain reflet. Le rÍve s'immisce entre l'Ítre vivant, et le plan de la pure rÈalitÈ des rÈactions chimiques primaires. La conscience effective se dÈdouble alors entre, l'inconscient d'une part, c'est ‡ dire ce que nous percevons dans l'instant, mais dÈcidons de ne pas traiter, et de l'autre la conscience vive, qui est le rÈsultat d'un ÈcrÈmage drastique permettant la pensÈe. Cette conscience vive, plus ou moins diffuse selon les espËces, acquiËre une densitÈ rare chez l'Ítre humain. Elle aboutie alors ‡ la conscience rÈflexive, cette fameuse facultÈ de prendre conscience du fait que nous soyons conscient.

A partir de cet examen, plusieurs ÈlÈments de rÈflexions s'imposent ‡ nous.
Ce que nous nommons habituellement conscience, n'est en fait qu'une coupe, un Ètat, ou une parcelle, de la conscience en tant que telle. A cause d'une imprÈcision lexicale, d'un flou sÈmantique, nous avons tendance ‡ confondre la partie, que faute de mieux nous appelons conscience, avec l'ensemble, qui est vÈritablement ce que dÈsigne le terme "conscience".
Quand Michel Cabanac, par exemple, situe l'Èmergence de la conscience ‡ lĂ*Èpoque des premiers reptiles dotÈs d'un cortex cÈrÈbral, il parle en fait des premiËres gÈnÈrations mentales, des premiËres formes rÍvÈes ou pensÈes, qui sont en effet des ÈpiphÈnomËnes conscients. Il veut dire quĂ*‡ partir de ce stade d'Èvolution du systËme nerveux, lĂ*animal est capable de garder en tÍte des formes mentales plus ou moins complexes. Nous pouvons appeler conscience vive cet Ètat particulier de la conscience effective, car celle-ci acquiËre dËs lors une forme de vitalitÈ propre. Avec les oiseaux et les mammifËres, l'animal devient ensuite capable de gÈnÈrer spontanÈment des formes pensÈes, sans qu'il y ait besoins pour cela de stimuli externes. Il s'agit l‡ des premiers vÈritables animaux rÍveurs. De la mÍme maniËre, quand Julian Jaynes propose de situer la naissance de la conscience aux alentours du premier siËcle avant J - C, il ne fait que dÈcrire l'Èmergence de la conscience rÈflexive, qui sĂ*avËre Ítre en dÈfinitive, un nouveau degrÈ d'abstraction de la conscience effective.
Il serait donc plus juste de dire, que ce que nous observons dans ces deux cas, ne sont que des niveaux diffÈrents de condensation, ou de concentration de la conscience effective, celle-ci ayant acquis progressivement au cours de l'Èvolution, la facultÈ de s'affranchir du monde extÈrieur, et de se focaliser sur elle mÍme.

De mÍme, il apparaÓt Èvident que la conscience est intimement liÈe ‡ la perception, et ‡ travers cette derniËre, au monde extÈrieur dont elle participe. Cette observation me permet d'introduire l'idÈe, que les ÈlÈments du monde exercent une attraction, une pression, ou produisent une rÈaction plus ou moins importante, chez les organismes individuels qui dËs lors deviennent conscients. Cette action, que je compare dÈj‡ ‡ une forme de magnÈtisme, est ensuite accentuÈe par les sens des organismes eux mÍme. La sÈlection naturelle prÈdispose en effet certains ÈlÈments du monde, la lumiËre par exemple, ‡ projeter leur part de conscience en puissance sur les organismes rÈactifs. Ceux-ci s'accordent alors de maniËre rÈflexe avec le monde.
Les animaux ÈvoluÈs s'affranchissent en partie de cette pression, en ce qu'ils peuvent se libÈrer du monde pour ne rÈagir qu'‡ leurs propres impulsions internes. Dans le cas de l'Ítre humain, j'affirme mÍme que nous vivons en permanence dans une projection, une reconstitution du monde, quĂ*on peut comparer ‡ un Ètat de rÍve ÈveillÈ. Lorsque nous ne dormons pas, notre rÍve se stabilise en se fixant sur les ÈlÈments du monde que nous avons dÈcidÈ de mettre en valeur, ce qui confËre une grande cohÈrence ‡ notre perception. Cette cohÈrence est ce qui nous permet de distinguer le rÍve ‡ proprement parler, de ce que nous considÈrons Ítre la rÈalitÈ. Mais il est tout aussi juste de dire, que notre conscience du monde est du rÍve, et que celui-ci acquiËre de la cohÈrence, simplement parce qu'il est fixÈ par l'action magnÈtique des ÈlÈments du monde sur nos sens. En rÈsumÈ, le monde hypnotise en quelque sorte les Ítres vivants. On pourrait dire aussi que la conscience est le produit dĂ*une forme d'hypnose naturelle, que les Èmanations du monde dirigent sur les organismes vivants, ou encore que lĂ*hypnose est ce que nous voyons, quand nous observons le fonctionnement de notre conscience. Dans ces conditions, lĂ*hypnotiseur ne fait que se substituer au monde, en utilisant sa bonne connaissance de notre fonctionnement perceptuel, pour diriger notre rÍve.

Merci de m'avoir lu jusqu'au bout ! N'hÈsitez pas encore une fois ‡ me faire part de vos rÈactions. Ce que je raconte est pour vous une abÈration, une Èvidence, une hypothËse interessante ?

Oromasus