Voir la version complète : accouchement sans douleur
Bonjour Pascale,
Me trompé-je ou un élément important de ton accompagnement vise à préparer un accouchement sans douleur ?
Si oui est-ce que tu pourrais expliquer un peu plus "comment ca marche", ce que ca permet et tout ce qui est autour de ça : comment vit-on un accouchement avec l'auto-hypnose ?
Pascale H
03/10/2009, 16h00
Merci Gaëtan, de cette question passionnante !
On pourrait dire, pour être plus précis, que cet accompagnement vise à permettre de vivre pleinement l'accouchement avec une bonne gestion de la douleur, lorsqu'elle est présente. Il est rassurant de savoir que, pour 10 à 15 % des femmes, l'accouchement est, spontanément, assez peu douloureux, quel que soit le mode de préparation.
Le fameux "tu accoucheras dans la douleur" biblique a cependant fait beaucoup de dégâts et les futures mamans, surtout celles qui se préparent à donner la vie pour la première fois, ont souvent une idée assez vague de la nature de cette douleur, de sa durée, de son intensité.
Une partie de la première séance est donc consacrée à des explications à ce sujet. Nous travaillons notamment sur la représentation de la contraction utérine, qui peut véritablement devenir une alliée, même si elle est associée à des sensations fortes, puisque c'est grâce à elle que la voie qui permet au bébé de naître peut s'ouvrir !
Une importante partie du travail consiste donc à apprendre comment traverser et accompagner le plus efficacement possible les contractions, à l'aide de techniques d'hypnose et en particulier de l'anesthésie, qui est très efficace. La distorsion du temps est également très utile : au moment du travail le plus intense, une contraction dure environ 1 minute, suivie de 3 minutes de "pause". Le "pic" de sensations est seulement d'environ 30 secondes, ce qui peut passer très vite avec une bonne distorsion du temps (ou sembler durer une heure si la distorsion est faite dans le mauvais sens !)
J'utilise également des sons graves et des vocalises spécifiques, qui permettent de se concentrer durant la contraction et de bien contrôler la respiration.
Il n'est pas possible de tout expliquer dans un message, mais j'espère avoir contribué à donner une idée des possibilités !
Très intéressant.
Et quelles sont les intérêts pour le bébé ? Car j'imagine qu'il y en a. N'y-a-t-il pas un indice d'Agpar (je ne sais plus si ca s'écrit comme ça) spécifique ?
Pascale H
03/10/2009, 23h41
Pour l'enfant, l'intérêt est à la fois une communication privilégiée et renforcée avec sa mère et son père tout au long de la grossesse et le fait que les parents ont mis toutes les chances de leur côté pour un accouchement en douceur, sans souffrance ni pour la mère ni pour l'enfant.
Grâce à l'auto-hypnose — c'est également le cas, par exemple, pour le yoga — la durée du travail peut être limitée et, comme certaines contractions sont très éprouvantes pour le bébé, cela limite aussi l'épreuve pour lui...
Quant à l'indice d'Apgar, il a été mis au point par une anesthésiste et porte sur 5 éléments : la coloration de la peau, le rythme cardiaque, l'irritabilité réflexe, le tonus musculaire et la respiration à la première et à la cinquième minute après la naissance. Une note sur 10 est attribuée en fonction de ces facteurs.
À ma connaissance, il n'y a pas d'expérience démontrant que l'hypnose permet d'obtenir une meilleure note à cet indice (pas facile de mettre en place un protocole pour réaliser une expérience à grande échelle avec un groupe de sujet et un groupe témoin !).
Mais, indépendamment de toute expérience scientifique, ce serait bien que des personnes qui lisent ce sujet et ont fait l'expérience d'un accouchement sous hypnose puissent apporter leur témoignage.
En attendant, vous pouvez en lire sur un site canadien : hypno-vie.
http://www.hypno-vie.com/temoignages.htm
Bonne lecture !
Couchetard22
16/11/2009, 23h12
Bonsoir Pascale, tu parle d'anesthésie dans la préparation et çà m'intrigue.
En chirurgie,l'anesthésie est réalisée le plus souvent par discossiation accompagnée d'un MEOPA ainsi que les rééducations très douloureuses, hors l'accouchement étant un moment très important dans la vie d'une femme (pour un homme aussi, c'est le moment où le complexe du kangourou se dissipe... :D), la conscience de ce qui ce passe, la pleine lucidité est de mise.
D'où mon questionnement, comment modifier le seuil de douleur sans dissociation?
Pascale H
17/11/2009, 22h12
Bonsoir Couchetard !
Excuse mon ignorance, mais c'est quoi un MEOPA?
Il y a également une part de dissociation dans le processus, en particulier pendant le pic des contractions, et cela n'empêche pas la parturiente de sentir tout ce qui se passe et d'accompagner le travail.
J'enseigne différentes techniques d'anesthésie, et notamment celle du gant avec transfert de l'anesthésie à différentes parties du corps (en l'occurence, le ventre, le dos, tout particulièrement au niveau des reins).
Par ailleurs, lorsque tu te concentres sur les sonorités graves (technique du chant prénatal), tu pars très vite dans un état autre de conscience qui modifie ta perception de la douleur. C'est encore plus efficace lorsque le futur papa le fait aussi. Et enfin, au cours de la préparation, je fais des suggestions pour que le cerveau transmette juste ce qu'il faut de douleur pour que le travail se fasse le plus naturellement et le plus efficacement possible, etc. Et d'ailleurs, je ne parle pas de "douleur" mais de "sensation". Et dans ce contexte, on apprend à percevoir la sensation (même si elle est forte) comme une alliée, puisqu'à chaque contraction, l'utérus est le muscle qui travaille pour ouvrir la voie à l'enfant.
Couchetard22
18/11/2009, 01h23
Merci Pascale, je pense comprendre un peu mieux comment tu procède.
Ton utilisation des sons me rappelle ce qu'une amie a vécue, la sage-femme qui l'a accouchée (en position assise) lui faisait prononcer le son "AAAAA..." qui a la propriété d'ouvrir et éclairer "l'espace". Tu peux essayer, en vidant ton mental, en pronoçant le son "AAA.." et en laissant cette vibration te guider, en devenant le son, tu pourras vérifier ce sens d'ouverture qui a un impact réel sur notre mental et notre organisme.
Chaque fois que le son perdait en pureté, çà s'accompagnait de tensions et de souffrance montante, la S-F le signalait à mon amie (on comprends qu'en pareil cas on ne puisse pas tout faire ;)). Une fois le son redevenu mélodieux les tensions parasites disparaissaient. C'est apparamment une très vieille technique d'accouchement...
Le MEOPA est l'abréviation de:
Mélange Equimoléculaire Oxygène Protoxyde d'Azote.
Ce mélange n'est pas un anesthésiant, il permet d'obtenir une grande détente nerveuse et est très légèrement euphorisant. J'ai l'impression que l'hypnose seule pourrait parfaitement fonctionner, bien que dans certains cas lourds rencontrés dans les hopitaux, cette préparation facilite certainement le travail de l'hypno.
Pascale H
19/11/2009, 10h01
Oui, j'imagine que ce ne sont pas les animatrices de chant prénatal qui ont inventé les sons "qui ouvrent l'espace" et détendent. J'y ai eu recours moi-même pour mon accouchement !
Comme tu le dis, dans certains cas, il n'est pas facile de tout faire avec l'hypnose comme seul recours et il n'y a rien à gagner à jouer les héroïnes : le plus important est de garder de cette expérience extraordinaire, avec ou sans péridurale, un merveilleux souvenir !
Bonjour,
Je découvre le forum...
J'ai eu recours à l'auto-hypnose ericksonienne pour mes accouchements. J'ai été accompagnée par une sage femme libérale formée sur le sujet pour mon premier, et je me suis servi du livre d'Armelle Touyarot, également sur le thème pour mon deuxième. De superbes expériences!!
Cependant, à la lecture de vos messages, je voulais vous demander si vous connaissiez un peu plus en profondeur ce qui permet à la femme d'enfanter naturellement, ce qui natrurellement permet de ne pas "croitre" la douleur, tel que de ne pas observer une femme qui accouche, ne pas lui parler, mettre une lumière tamisée, chaleur..etc (cf. Michel Odent). Prenez vous en compte ces données dans vos prises en charge?
Au plaisir!
Pascale H
07/06/2010, 23h33
Bonsoir Amélie,
Et merci de votre témoignage. N'hésitez pas à en dire davantage sur votre expérience, qui intéressera les futurs parents du forum !
Oui, bien sûr, la question de la naissance (et de ce qui se passe après :) ) m'intéresse, bien au-delà de l'hypnose : j'ai aussi suivi une formation de chant prénatal et je lis beaucoup sur cette question — Michel Odent, Dididerjean-Jouveau, et bien d'autres encore...
Je ne connais que de nom le chant prénatal... Peut-être pour une prochaine naissance! ;)
En ce qui concerne mon expérience avec l'autohypnose ericksonienne, j'y ai donc eu recours pour préparer mes accouchements, ainsi qu'une fausse couche (à un mois et demi) pour trouver l'énergie de vivre également une telle "expulsion"...
J'en ai beaucoup parlé autour de moi tellement j'ai été satisfaite. Mon leitmotiv pour me tourner vers cette méthode était de ne pas prendre la péridurale. Je souhaitais accompagner au mieux mes bébés durant leurs naissances, que je trouvais être une étape traumatisante de la vie, ou du moins très importante.
J'ai donc eu la chance de rencontrer une sage-femme formée, en libéral. Je connaissais un peu le procédé, donc je n'étais pas non plus toute "naïve"!
Avec elle, j'ai appris à reprendre confiance en mon corps, à me connecter à lui et en même temps à mes capacités intérieures, personnelles, également transgénérationnelles! Justement l'article sur l'analogie(...) de ton blog Pascale m'a interpelé, car j'ai vécu cet accompagnement comme un outil de détente, de mise en relaxation, et pas tant d'hypnose de foire comme les gens croient au premier abord. Oui, un état de conscience modifié.. Je ressentais mon corps, viviais la douleur le plus possible avec en tête la visualisation du processus "mécanique" de l'accouchement...
Alors que pour mon premier, c'est à partir du moment où ma sage femme m'a rejoint que j'ai vraiment pu appliqué ce que j'avais appris, pour ma fausse couche et mon deuxième, utiliser ces outils m'ouvraient des moments de profonde détente, de repli sur moi tout en restant connectée à mon environnement mais en utilisant chaque bruit, mouvement à côté de moi comme un souffle de plus sur ma sérénité! Je me revois me plonger dans un calme intérieur et une puissance interne qui me montrait dans chacune de mes cellules que je pouvais avancer tranquillement avec mon bébé.
Résultat des courses : je suis arrivée dilatée à 9 en clinique pour mon premier! Pour mon deuxième pour qui nous voulions une naissance à la maison, mais que nous n'avons pu faire à cause de souci sur pitchoune, nous devions aller à l'hôpital Necker, à bien 3/4 d'heures de chez nous! C'était une véritable angoisse pour moi d'une d'avoir à faire à un monde à l'opposé de ce que je voulais, très médicalisé, et de deux loin de chez nous. Et bien, c'est formidable ce que peut accomplir une femme qui enfante (je dis une femme et non moi, car je suis persuadée que chacune possède cela!) : je suis arrivée à Necker, j'ai mis les pied au sol et j'ai senti l'envie de pousser, pour enfin mettre au monde notre deuxième enfant 20 min plus tard! :) J'en suis encore toute réjouie car c'est ce que je souhaitais!
Avec du recul, je pense que l'hypnose a été pour moi un véritable outil de connection entre mes ressentis, mon corps... Depuis je me suis intéressée au sujet encore plus, et j'ai pu faire les trois jours d'IN-formation avec Michel Odent et Liliana Lammers. Eux sont un peu contre les préparations car cela supposerait que la femme n'est pas capable d'accoucher... Je pense qu'à l'heure actuelle, plus qu'une préparation à accoucher, c'est surtout une préparation aux ressentis corporels, un soutien à cette connection avec son corps dont les femmes ont besoin. Nous sommes de plus en plus comme coupés en deux : l'intellect et le corporel. Or pour accoucher la femme doit être en complète relation avec ses ressentis corporels, et apprendre à laisser sa "tête" de côté...
QU'en penses-tu Pascale? Comment l'hypnose peut intervenir, aider, sans pour autant trop "modifié" ce que la nature prévoit déjà? J'aimerais beaucoup avoir l'avis des professionnels sur ce point...
Merci!
Pascale H
09/06/2010, 09h45
Merci Amélie de ces témoignages. Je suis bien d'accord : l'hypnose peut aussi aider à retrouver l'énergie après une fausse couche, ainsi que la confiance dans sa capacité à donner la vie...
Pour ce qui est de la position de Michel Odent, elle me semble bien générale : certes, il existe de nombreuses femmes, en Europe et ailleurs, pour qui aucune préparation n'est nécessaire — et qui n'en ressentent pas le besoin. Mais qu'en est-il des cas particuliers ? Des personnes qui appréhendent l'accouchement ? Qui ont vécu une expérience difficile ? Qui "vivent dans leurs têtes" et sont tellement cérébrales qu'elles ont besoin d'un petit coup de main pour retrouver le contact avec leur corps, leurs sensations et leurs émotions ?
L'hypnose ne modifie en rien ce que la nature prévoit déjà !
Elle permet de mobiliser des ressources qui existent à l'état latent, de vivre pleinement chaque instant de la grossesse et de l'accouchement, d'être véritablement l'acteur de ce moment si particulier, au lieu de subir les compétences du corps médical (même s'il existe aujourd'hui de nombreux lieux où les mamans et les bébés sont bien accueillis, avec le minimum de médicalisation).
Merci Pascale, tu éclaircis un coin de mon ciel qui restait un peu nuageux ;) !
En fait j'ai vraiment aimé ce que l'auto hypnose a pu m'apporter, mais j'aime aussi cette vision naturelle de l'accouchement selon Michel Odent. J'avais un peu de mal à associer ces deux choses que je vis pourtant pleinement au fond de moi... Ta perception des choses me plaît :)
Mais alors, l'hypnose serait un outil des temps modernes? Pour palier à une déconnexion de notre siècle entre le corps et l'intellect?....
Pascale H
09/06/2010, 22h29
Merci Amélie :)
Mais alors, l'hypnose serait un outil des temps modernes? Pour palier à une déconnexion de notre siècle entre le corps et l'intellect?....
De notre siècle :rolleyes: Et des précédents, aussi, peut-être...
Je ne suis pas historienne des idées, mais il me semble que la séparation entre le corps et l'intellect (quel que soit le nom qu'on lui donne) est bien plus ancienne, non ?
Certaines des techniques que nous utilisons en auto-hypnose sont proches d'autres procédés que l'on trouve, par exemple, dans le yoga ou la méditation, mais à mon sens, l'avantage de l'hypnose, c'est qu'elle n'est pas conditionnée par un contexte culturel où la religion/métaphysique occupe une place centrale. C'est un outil de changement dont chacun peut faire l'expérience, quelles que soient ses croyances.
Oui, Pascale, tu as raison... je n'ai pas plus réfléchi à cela quand j'ai écrit mon message. Peut-être pensais-je que cette dissociation gêne aujourd'hui une génération, (me gêne!!) et que du coup, il y a une sorte de quête pour reconnecter tout cela...d'où ce regain d'intérêt pour ces techniques... à moins que ce soit l'éternelle recherche de la baguette magique qui motive des personnes!!
Je ne théorise pas beaucoup en fait ;). Pas mon terrain :) héhé
Pascale H
20/06/2010, 23h41
Je suis en train de lire Naître... et sourire de B. This, qui date de 1977... L'idée de retrouver un lien avec le corps ne date pas d'hier et, sans théoriser, il suffit de savoir que la première "vague" des travaux sur l'accouchement sans douleur a plus de 60 ans (le Dr. Lamaze en rentant de Russie et le "légendaire" Dr. Dick-Read en Angleterre, qui aurait assisté à un accouchement "indolore" dans un quartier défavorisé de Londres en 1913).
Mais il n'y a pas pour autant que je sache d'étude récente "non médicale" sur la question et il serait intéressant d'en conduire une en ce début de XXIe siècle !
L'hypothèse de la baguette magique est en effet à prendre en compte... Je pense que tu as bien raison sur ce point... :)
S'il est utile de lutter contre les "croyances limitantes" et de rappeler que 10 à 15 % des femmes accouchent "facilement", que tout le monde ne souffre pas, il existe aussi des études pour "démystifier" ceux qui prétendent que chaque femme peut mettre un enfant au monde sans "sensation forte" ... Et je ne vois vraiment pas pourquoi ces dernières devraient se priver de péridurale !
Iderierep
06/08/2010, 02h32
Bonjour
Je suis intolérante au gluten, et je dois effectuer une éude de marché en rapport avec cette maladie. Je souhaiterais faire paraître un questionnaire que les utilisateurs du site me renverront après lavoir rempli Ã* mon adresse mail perso. Comment puis-je faire? Pouvez vous maider? Je vous en remercie davance
Sylvie Achéritogaray
Je souhaiterais faire paraître un questionnaire que les utilisateurs du site me renverront après lavoir rempli Ã* mon adresse mail perso. Comment puis-je faire? Pouvez vous maider?
Sylvie Achéritogaray
Quel est le lien selon vous entre l'accouchement sans douleur et l'intolérance au gluten ? Seconde question : quel lien faites-vous entre cette intolérence (pour moi, ce n'est pas une maladie !) et l'hypnose ?
Enfin, si vous nous disiez le but réel de votre questionnaire, ne pensez-vous pas que çà serait plus clair pour avoir envie de vous aider ... ou non ?
Merci de votre réponse.
J'avoue que vous me faites penser à un "sous-marin" ayant un but commercial non avoué. Détrompez-moi vite si ce n'est pas le cas !
Pascale H
06/08/2010, 23h11
Merci Claude, de cette réponse, qui devance la mienne.
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